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Poèmes Populaires

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  • Pour une poésie populaire française.
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  • L'origine du Beau chez Platon, Freud et d'autres...
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    Pour une poésie populaire française


    La poésie a des fonctions.

    La fonction crée l'organe.
    Ainsi naquit la poésie.

    Ces fonctions sont individuelles ou sociales. La poésie peut sublimer la plus douloureuse des contraintes, des aspirations puissantes, pour qu'en un "sublime" exutoire la violence se résolve, plutôt qu'en paroxysmes physiques et psychiatriques ou en troubles sociaux.

    "La souffrance enfante les songes
    Comme la ruche les abeilles
    L'homme crie où son fer le ronge
    Et sa plaie engendre un soleil
    Plus beau que les anciens mensonges."
    (Louis Aragon, Les Poètes)


    - "Les Poètes", paroles complètes
    - "Les Poètes", paroles complètes; idem: autre site
    - "Les Poètes", paroles complètes; idem: autre site
    - "Les Poètes", paroles complètes; idem: autre site
    - "Les Poètes" Jean Ferrat chez Pivot: Ferrat disserte sur les poètes
    - Jean Ferrat-95 chez Drucker; sur son dernier disque des poèmes d'Aragon
    - Achat des disques à la FNAC
    - Achat "à la chanson" sur Amazon


      C'est la poésie de chapelle(1)  qui a privé le peuple français de l'assouvissement de ces fonctions. Un peuple peu musicien - à ce qu'on dit…- par rapport à d'autres habitants de l'Europe n'a pas davantage reçu le secours de la poésie. Privé d'une poésie populaire, le peuple se réfugie dans des borborygmes et des assonances approximatives rythmées par des tam-tams.
    D'ailleurs, ce sont les jeunesses du monde entier, persuadées que cette camelote cosmopolite représente la liberté, qui se font de cette acculturation un "Chant du Départ". Et ça rapporte gros à ceux qui vendent cette prothèse de polyvinyle.

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    Sublimation d'amours impossibles. Sublimation d'idéaux inaccessibles. La poésie apaise la douleur des frustrations intenses, dissolvant une énergie perverse dans un cri qui monte vers le cosmos comme un superbe chant du merle. Elle canalise la révolte contre l'absurdité du monde.

    "Liberté j'écris ton nom..."
    (Paul Eluard)

    "Oh que de votre lèvre il tombe
    Sur ma lèvre un dernier baiser
    Pour que je puisse dans ma tombe
    Le coeur tranquille, reposer!"
    (Théophile Gautier, Dernier voeu)

    "Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie
    Une feuille de rose arrachée à tes jours;
    Je puis maintenant dire aux rapides années
    -Passez! passez toujours! je n'ai plus à vieillir!
    Allez-vous en avec vos fleurs toutes fanées;
    J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir."
    (V.Hugo; Chants du Crépuscule)


    Erato, la Poésie, est fille de l'Amour.

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    L'une des fonctions psychologique des plus évidentes est la sublimation de l'aspiration à la liberté et à la nature. Du temps que j'étais un apprenti potache, mon bon maître le Pr Halbwachs nous racontait que lorsqu'il était déporté dans un camp de la mort nazi, il avait conservé une réserve d'énergie morale qui lui avait sauvé la vie, estimait-il, en se récitant à l'infini des vers. "Apprenez des poèmes! Cela vous sera utile un jour!".

    "Le ciel est par-dessus le toit
    Si bleu, si calme..." (Paul Verlaine)


    Poésie est fille de Liberté.

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    Comme les troupeaux d'éléphants de Romain Gary, galopant en toute licence dans l'infinie savane d'Afrique... La liberté totale est celle de se baigner dans un torrent de montagne. En petite compagnie. Sans gêner personne. Immergé dans le spectacle permanent de la native beauté de la nature. Quand une belle voix s'élève:

    "Les bras fluides et doux des rivières m'accueillent;
    Je me repose et je repars,
    Avec mon guide le hasard,
    Par des sentiers sous bois dont je mâche les feuilles."
    Emile Verhaeren (Les Forces tumultueuses).

    "O lac! l'année à peine a fini sa carrière,
    Et près des flots bénis qu'elle devait revoir
    Regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
    Où tu la vis s'asseoir!..."
    (A.de Lamartine; Le Lac)

    "O ces larges beaux jours dont les matins flamboient
    La terre ardente et fière est plus superbe encor
    Et la vie éveillée est d'un parfum si fort
    Que tout l'être s'en grise et bondit vers la joie..."
    (E.Verhaeren, La Joie)

    Poésie est fille de Nature.

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    L'aspiration frustrée à la fraternité et à l'égalité est violente dans les temps noirs de l'histoire.



    "Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
    Un jour de palme un jour de feuillages au front
    Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
    Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche..."
    (Louis Aragon, Un Jour,Un Jour)

    "Ils viennent jusque dans nos bras
    Egorger nos fils, nos compagnes..."
    (Claude Rouget de Lisle)

    "Il va vers le soleil levant notre pays..."

    "L'Internationale sera le genre humain..."
    (Eugène Pottier)

    "Le peuple souverain s'avance,
    Tyrans descendez au cercueil..."
    (Marie-Joseph Chenier)

    "Pourtant que la montagne est belle..."
    (Jean Ferrat)

    Le poète est engagé dans un idéal collectif. La ferveur avec laquelle ces chansons furent reprises à l'unisson par des millions, et pour certaines par des milliards de poitrines, donne la mesure de la puissance révolutionnaire de la poésie.

    Le poète est une graine de révolutionnaire. Pas étonnant que, souvent, les régimes les plus autoritaires le ravalent au rang de fou du roi. Le poète est un bouc émissaire.

    Dans la mesure où, par le moyen mnémonique de la rime, il permet de mémoriser des formules magiques, incantatoires, sublimant l'aspiration à la liberté, à la justice et à l'égalité sociale, le poète est dangereux. "La poésie est une forme de langage qui restitue au mot sa valeur incantatoire et première" (Roger, mon prof de Français de l'Ecole Normale d'Instituteurs de Paris).

    Le poète est magicien qui serait bien capable d'engendrer un jour l'égalité pour l'avoir invoquée.



    "Ils quittent un à un le pays
    Pour s'en aller gagner leur vie
    Loin du pays où ils sont nés..."
    (Jean Ferrat, La Montagne)


    Voilà trois vers qui font autant pour l'écologisme que le dévouement de tous les militants. La critique contenue résume toute l'histoire de la tragique prolétarisation du monde rural aux XIX°/XX° siècles, au bénéfice d'une concentration urbaine propice à la rentabilisation des "grandes surfaces de vente"; cette critique suffirait à vous faire bouder par des médias bien tenus en laisse par la classe dirigeante. C'est injuste - et encore plus, c'est un mauvais calcul! La plus grande dignité du poète, elle est dans la sublimation des idéals sociaux.(2)

    "Etoiles poussières de flammes
    En août qui tombez sur le sol
    Tout le ciel cette nuit proclame
    L'hécatombe des rossignols
    Mais que sait l'univers du drame ?"
    (Louis Aragon, Les Poètes)

    "Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
    Sa protestation ses chants et ses héros
    Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
    A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

    Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
    Emplissant tout à coup l'univers de silence
    Contre les violents tourne la violence
    Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue..."
    (Louis Aragon; Un Jour,Un Jour)

    Poésie est fille de Liberté et d'Egalité.



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    "Voie lactée ô soeur lumineuse
    Des blancs ruisseaux de Chanaan
    Et des corps blancs des amoureuses
    Nageurs morts suivront nous d'ahan
    Ton cours vers d'autres nébuleuses"
    (Guillaume Apollinaire, La Chanson du Mal Aimé)

    "O temps, suspends ton vol! et vous heures propices
    Suspendez votre cours!
    Laissez-nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours!..."
    (Alphonse Marie Louis Prat de Lamartine; Le Lac)

    L'immense révolte ressentie par l'homme devant l'absurdité existentielle est un domaine où, avec la musique, la poésie excelle et apporte à certains le réconfort que d'autres trouvent en religion. C'est comme une chant superbe de révolte que l'homme lance au cosmos, comme s'il criait à un Dieu sourd et impitoyable: "Ecoute comment moi l'Homme, que tu vas faire mourir, j'étais capable de créer la Beauté!". C'est dans un pareil instant que le simiesque se redresse sur ses pattes postérieures pour atteindre à l'Humanité... C'est à cet instant que Simius bellicus atteint l'Homo sapiens.

    Polymnie, la Poésie est fille de Désespoir.

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    Poésie est fille de pute!
    Fille d'une rhétorique prostituée qui a couché auprès de jolis dieux ayant nom: Amour, Désespoir, Nature, Liberté, Egalité, Fraternité...


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    La Défense et l'Illustration de la langue française sont d'autres fonctions de la poésie. La poésie est plus qu'une technique; elle est autre chose qu'une technique, mais elle est aussi une technique. Comme le chant du merle qui attend le répons d'un autre merle à la fin de la phrase musicale, la poésie possède des règles naturelles et d'autres artificielles. Ces règles apparaissent parfois comme organiques, nées avec la poésie:

    "De la musique avant toute chose..."
    (Paul Verlaine)

    Comme la musique elle est réglée par une méthode faite de rimes, de mètres et de rythmes. Les règles doivent être connues, même si c'est pour les bafouer. En effet, l'artificiel de certaines règles est visible; mais si, par exemple, on remarque une grande constance dans le respect de l'arbitraire alternance des rimes féminines et masculines chez les classiques, on sait que d'autres règles, pourtant plus évidentes, comme celle du hiatus ou celle de la richesse des rimes , ont souffert des avatars au cours des siècles. D'une richesse qui faisait de la poésie davantage une prouesse de versification et un calembour(3)  qu'un poème, on est passé à l'assonance voire à l'absence de rime, baptisant poésie ou poème en prose ce qui n'a guère demandé d'effort technique.

    La force mnémonique et musicale est tout de même liée à la présence des trois éléments dits plus haut: la rime, la mesure, le rythme. La force incantatoire en dépend. Aussi, autant il est légitime d'innover, autant est-il souhaitable que l'innovateur ait d'abord été un élève et un imitateur appliqué.

    La poésie a de tout temps évolué; un "poëte" aussi "classique" que Victor Hugo s'est fait gloire d'avoir bouleversé l'alexandrin et le vocabulaire poétique alors qu'aujourd'hui, le "tout et n'importe-quoi" qu'on aura vu en poésie ne nous étonnera plus d'aucunes facilités:

    " J'ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire "
    " Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
    Je fis souffler un vent révolutionnaire.
    Victor Hugo (Contemplations)

    "Verhaeren prend le vers ternaire, le vers des romantiques avec ses deux césures qui scandent les lignes en trois parties strictement égales de rythme et de poids, mais cet alexandrin libre, inauguré par Hugo, il le rend irrégulier: les syllabes sont de poids différent et de sonorités diverses, elles ne sont plus en équilibre stable, elles montent et elles descendent."
    Stefan Zweig ("Emile Verhaeren")

    La licence poétique peut donner des innovations utiles:

    "Que vos heureux destins, les délices du ciel,
    Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel,
    Et non sans quelque amour paisible et mutuelle..."
    (A.Chénier; Printemps)

    Une autre fois, c'est l'invention de l'écriture automatique qui apporte un outil nouveau à la poésie. Elle mobilise les potentialités d'associations d'idées illimitées d'un réseau neuronal infiniment interconnecté. Comme la recherche des "correspondances baudelairiennes" découvre, dans une nature compliquée, les convergences évolutives cachées.

    "Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
    Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront..."
    (Louis Aragon; Un Jour,Un Jour)

    Lorsqu'un jour de correction, Guillaume Apollinaire supprime tout d'un coup la ponctuation de la "Romance du Mal Aimé", il apporte avec cette nouvelle licence une technique enrichissante car désormais, privée de sa ponctuation, la phrase va devenir imprécise. On en pourra varier les significations à loisir et multiplier la richesse de la poésie selon ses propres contresens, confortant ainsi l'opinion d'Anatole France: "Le spectateur le plus doué est celui qui, au prix de quelque heureux contresens,..." aura le mieux joui d'une oeuvre.

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    "Persiennes, persiennes, persiennes..."
    etc... "

    Maintenant nous proposons l'écriture: "(Persienne^3)*25"...

    On se demande bien si, de licence en facilité, ayant systématisé à l'excès une "découverte", on ne tomberait pas d'une technique qui a fait ses preuves dans le catéchisme d'une chapelle où des gourous fulminants tonneraient de ridicules excommunications...

    " A bas le symbolisme, mythe
    Et termite, et encore à bas
    Ce décadisme parasite
    Dont tels rimeurs ne voudraient pas !
    A bas tous faiseurs d'embarras !"
    Paul Verlaine ("La Ballade de l'Ecole romane")

    " Ghil est un imbécile. Moréas
    N'en est foutre pas un, lui, mais hélas !
    Il tourne, ainsi que ce Ghil, "chef d'école"
    Et cela fait que de lui on rigole."

    " Chef d'école au lieu d'être tout de go
    Poète vrai comme le père Hugo
    Comme Musset et comme Baudelaire
    Chef d'école, au lieu d'aimer et de plaire."
    Paul Verlaine ("Conseils")

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    La connaissance des règles est aisément accessible; des traités concis ou d'autres volumineux peuvent satisfaire toutes les curiosités. Tout est permis à ceux qui savent. Ceux qui veulent s'adonner à la prosodie doivent certes avoir au coeur quelque grosse colère, quelque amertume à sublimer. Ils doivent faire l'effort d'apprendre les règles et d'imiter les anciens. Il n'est pas interdit d'entrer dans le jardin avec des fleurs à la main ! Mais il existe des écueils qu'il n'est pas si facile d'éviter: mieux vaut la simplicité que la préciosité.
    Mieux vaut une clarté banale qu'un hermétisme creux.

    "Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé
    Le prince d'Aquitaine à la tour abolie..."

    Là où Nerval est génial, que de poètes ennuyeux!

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    Quand on se plonge dans la production des meilleurs poètes, on est souvent effrayé du "déchet" qu'on y trouve. A côté de réussites sublimes, parfaitement tournées et qui bravent le temps, il existe une foule de poésies précieuses, ampoulées, boîteuses, lourdes et obscures, prétentieuses ou bâclées, pauvres en rime ou banales en idées, ou tout simplement médiocres et ennuyeuses. Alors pourquoi, dans ce cas, avoir l'orgueil de ne rien faire soi-même en poésie par souci de ne pas réussir un chef d'oeuvre bravant les Emaux et Camées? C'est assez d'un sonnet a moitié réussi pour qu'une tentative ne soit pas vaine; et faute de mettre l'univers d'accord sur son talent, il suffirait qu'un des poèmes, un seul, ait un jour adouci la rancoeur d'un être qui souffre pour que l'oeuvre fût utile et bien préférable à l'immense silence poétique où la "poésie de chapelle" a confiné le peuple français.
    Avec une telle langue!…

    La poésie populaire existe en germe. A lire des bulletins d'associations ou de patronage, on y découvre cet oeuvre. On y trouve parfois un peu d'insuffisance; c'est qu'il saute aux yeux que les auteurs ont le plus souvent aspiré à une vraie sublimation poétique, mais sans posséder assez de connaissance de la technique prosodique pour être "crédibles". L'énumération des fautes, de l'orthographe à la métrique en passant par la rime normande(4) , l'hiatus et la forme poétique inédite ... n'est pas utile. A qui la faute?

    La faute en incombe à l'école. La poésie n'occupe pas la place qu'elle devrait occuper dans la pratique scolaire. L'école doit pourvoir les élèves d'un "bagage poétique" pour la vie(5) . Et d'une connaissance assurée des règles de la versification.

    La faute en incombe aux médias. Non seulement cinéma et télévision ou radio, ni la presse quotidienne n'accordent une juste place à cette discipline, mais ils dévalorisent l'image du poète. Lorsqu'ils en présente un, c'est l'archétype du faible, de l'exclu, de l'être bizarre, frustré, refoulé, de moeurs suspectes. ( Merci Verlaine et Rimbaud, les poètes vous devront toujours cet héritage; car les médias s'intéressent bien mieux à exhumer vos dévergondages qu'à populariser vos oeuvres ! Enfin! Comme dit Démocrite dans son tourbillon d'atomes: « On ne peut être poète sans quelque folie.») D'un certain point de vue, heureux que les médias n'en parlent pas davantage. Ils en auraient dégoûté à jamais toutes les générations passées et à venir!

    Pourtant il y a là une veine immense à exploiter, à cultiver; et c'est l'aspiration profonde du populaire. Je me suis laissé dire qu'il existait jadis des pays où le dimanche, sur les places publiques, des groupes se réunissaient pour se livrer à des joutes poétiques...

    "Moi .- Vous êtes difficile et je vois que vous ne faites grâce qu'aux hommes sublimes. Lui .- Oui, aux échecs, aux dames, en poésie, en éloquence, en musique et autres fadaises comme cela. A quoi bon la médiocrité dans ces genres? "
    Denis Diderot

    Le Neveu de Rameau, qui ployait sous le prestige de son oncle illustre, aurait mieux fait de nous laisser une oeuvre musicale, puisqu'il était doué. La conviction que seul a droit de naître le génie a privé l'humanité de bien des oeuvres utiles, ne serait-ce que par la joie qu'elles eussent apportée à leurs créateurs.

    Surtout, n'ayons pas peur d'imiter. Commençons par imiter. Imitons les anciens, les aînés, les maîtres. Ronsard imite Pétrarque qui ne fait que développer Giacomo da Lentini, inventeur du sonnet(6) . Puis tous les faiseurs de sonnets imitent Ronsard... et Rimbaud passe du abba abba au abba baab ou au abab abab; chacun innove en imitant l'ancien. Rimbaud admirait Verlaine, Mais "de la musique avant toute chose" n'est-ce pas:

    " Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles (...)
    Dans les clapotements furieux des marées (...)
    La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux (...) "
    Arthur Rimbaud, "Le Bateau Ivre"

    Lorsqu'André Breton et Philippe Souppault, rapprochés au café de Flore par l'amitié d'Apollinaire, découvrent, en 1919, l'écriture automatique, qu'ont-ils réellement inventé après:

    " J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
    Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peau
    D'hommes! (...) "
    (ibid)

    Qu'avaient-ils "inventé" ? Imitons-donc, surtout pour commencer, parce que si tout le monde critique chacun, en poésie (comme ailleurs!), chacun copie tout le monde, à un moment ou à l'autre.

    D'ailleurs, "tout" n'a-il-pas déjà été inventé? Ne sommes-nous pas parvenus à un stade de civilisation où tout art soit "achevé" ? Et à supposer qu'il restât quelque chose à découvrir, l'Art consiste-t-il à " être à tout prix un inventeur de nouveauté " ou bien consiste-t-il à "créer la beauté" ?

    Les médias modernes, avides de "scoop", n'ont-ils pas privilégié l'idée que l'artiste devait "scandaliser" pour faire parler de soi-même, alors que le rôle de l'artiste serait plutôt de "parachever l'Humanité" en définissant l'Homme comme un être soucieux de "La Beauté" ?

    Les médias modernes n'ont-ils pas perverti l'Art en le montrant comme une "machine à faire parler de soi" plutôt que comme une entreprise collective humaine et humanisante de création de la Beauté universelle ?

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    La poésie est celle de tout un peuple ou elle n'est pas.
    La poésie alambiquée, éthérée, absconse, même si elle trouve un éditeur reste sans lecteurs. Telle est la supériorité d'un " Victor Hugo-Hélas "; "P" comme premier car "P" comme populaire; et d'un La Fontaine,... L'informatique offre peut-être une nouvelle chance à la poésie. Avec ou sans éditeurs, multiplions les classiques populaires. Et nous-mêmes, écrivons sans complexes en imitant scolairement les meilleurs, et en innovant raisonnablement...
    Créons ensemble la poésie populaire...

    Christian Jodon
    Adh.9619, Club Micro-Contacts




  • Notes:  ( Sauter les notes )

  • 1.- J'appelle poésie de chapelle une poésie précieuse, obscure, absconse, confisquée par une minuscule secte de spécialistes qui en monopolisent l'écriture et l'édition, contribuant ainsi à paralyser l'épanouissement poétique de la masse.
  • 2.- Il existe deux pluriels: idéals, idéaux.e
  • 3.- "Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime
        Galamment de l'Arène à la Tour Magne, à Nîmes."
  • 4.- On appelle rimes normandes des rimes qui ne satisfont que les yeux et non l'oreille comme "mer" et "aimer".e
  • 5.- Ce qu'en a fait Yves Bonnefoy (article d'Astrid de Larminat dans Le Figaro du 4 novembre 2010: "Le Meilleur Ami de Rimbaud"): « Il s'est battu pour l'apprentissage de la poésie par cœur, qui permet de participer au texte et de se laisser transformer par lui ». Pour connaître Yves Bonnefoy, visitez les sites ci-dessous:
    — Yves Bonnefoy: biographie, liste des œuvres avec nombreux liens
    — Le fils d'un ouvrier monteur aux ateliers des chemins de fer: Yves Bonnefoy, professeur au Collège de France.
  • 6.- Da Lentini: cf Ronsard, Les Amours, Poche 3920 p.28
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    Atelier d'auteurs de poésie populaire

    Je propose d'élaborer en commun quelques poèmes conçus sur la base de l'Art poétique décrit plus haut. La règle du jeu est le respect des classiques et des grands thèmes: la souffrance et l'angoisse existentielle, l'amour hétérosexuel ou filial, la nature, la liberté et l'aspiration à une société égalitariste et fraternelle. D'autres sites se consacrent à d'autres règles ( l'innovation, d'autres thèmes...) et chacun peut s'y reporter. Ici, on se contentera d'essayer l'imitation des classiques, avec une arrière-pensée pédagogique pour les plus jeunes.

    Si un poème est soumis et, après discussion, paraît devoir être publié, il sera demandé à l'auteur d'écrire par lettre papier traditionnelle son accord pour l'édition Web et son attestation sur l'honneur que son œuvre est authentiquement personnelle, originale et inédite.

    Contact: poesie-populaire@sos-valdysieux.fr — Autres Auteurs: Espace disponible

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    Poèmes Populaires
    ©Christian Jodon
    Cliquez la grosse flèche puis "Visionnez sur You Tube"


    Si celle ci-dessus ne marche plus, essayez celles ci-dessous:
    — Montand et Cora Vaucaire: Trois petites notes de musique
    — Trois petites notes de musique par Cora Vaucaire
    Merci à You Tube et à "oldoaktree" qui l'y a mise.
    De la part de "VieuxChêneFidèlàCora"…

    C'était lorsque chantait Cora

    Lorsque chantait Cora Vaucaire
    Chantaient les jardins de Paris
    C'était aux Buttes buissonnières
    Que je m'étais fait le pari
    De voler dans la lumière
    Le premier baiser de Marie
    Et dans le froid crépusculaire
    Le métro servait de repaire
    De Stalingrad à l'Opéra
    C'était lorsque chantait Cora

    Il nous fallait berner son père
    Qui la poursuivait dans Paris
    De réussite il n'avait guère
    Car les amoureux aguerris
    Savaient se cacher au parterre
    Aux buissons des allées fleuries
    La gardienne inhospitalière
    Quand j'embrassais mon écolière
    Nous insultait comme des chiens
    Ainsi riaient les Parisiens

    Lorsque chantait Cora Vaucaire
    Chantaient les jardins de Paris
    C'était aux Buttes buissonnières
    Que je m'étais fait le pari
    De voler dans la lumière
    Le premier baiser de Marie
    Et dans le froid crépusculaire
    Le métro servait de repaire
    De Stalingrad à l'Opéra
    C'était lorsque chantait Cora

    Un soir une grimacière
    Nous fit subir un hourvari
    Prédisant à ma bachelière
    Que je serais mauvais mari
    Au métro dans la fourmilière
    Nous fûmes nous mettre à l'abri
    Mais d'une voix roturière
    Se disant choqué des manières
    Un vieux clochard nous chapitra
    Quand je la prenais dans mes bras

    Lorsque chantait Cora Vaucaire
    Chantaient les jardins de Paris
    C'était aux Buttes buissonnières
    Que je m'étais fait le pari
    De voler dans la lumière
    Le premier baiser de Marie
    Et dans le froid crépusculaire
    Le métro servait de repaire
    De Stalingrad à l'Opéra
    C'était lorsque chantait Cora

    Mais en dépit des sermonnaires
    Cette année-là chaque matin
    Me remplissait d'une joie claire
    Et Dieu jalousait mon destin
    Chaque minute était solaire
    Aux quais du canal Saint-Martin
    Et nous n'étions plus solitaires
    Le feu d'un baiser salutaire
    Avait libéré nos démons
    Aux allées des Buttes Chaumont

    Lorsque chantait Cora Vaucaire
    Chantaient les jardins de Paris
    C'était aux Buttes buissonnières
    Que je m'étais fait le pari
    De voler dans la lumière
    Le premier baiser de Marie
    Et dans le froid crépusculaire
    Le métro servait de repaire
    De Stalingrad à l'Opéra
    C'était lorsque chantait Cora

    Christian Jodon, 1981

    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "



    Une superbe chanson de Georges Delerue pour la musique, paroles de Henri Colpi. C'est la chanson du film "Une aussi longue absence".

    - Acheter la vidéo sur le site de l'INA; on voir Cora qui chante…
    - Sur cette url, Wikipedia parle du film "Une aussi longue absence"
    - Un autre site pour "Trois petites notes de musique" par Montand puis Cora
    - D'autres de Cora
    - Jacques Prévert

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    Ton Nom de Lilas Blanc

    Dans un jardin de mai joli
    Tiruli tuitui tiruli
    Dans un jardin de mai joli
    Mon lilas blanc a refleuri
    Tiruli tuituit

    Au creux d'un thyrse parfumé
    Le cœur palpitant j'ai pleuré
    Ton parfum et j'ai murmuré
    Ce qu'en mon coeur j'avais muré
    Ton nom
    Marie-Thé Maïté Mathé

    Dans un jardin de mai joli
    Tiruli tuitui tiruli
    Dans un jardin de mai joli
    Mon lilas blanc a refleuri
    Tiruli tuituit

    Il a refleuri sur mon front
    Sentiras-tu comme un affront
    Qu'au creux d'un thyrse immaculé
    Le coeur ému j'ai adulé
    Ton nom
    Marie-Thé

    Dans un jardin de mai joli
    Tiruli tuitui tiruli
    Dans un jardin de mai joli
    Mon lilas blanc a refleuri
    Tiruli tuituit

    Il refleurira sur ma tombe
    Car au lilas blanc il incombe
    En grapillant l'éternité
    De me souffler comme un baiser
    Ton nom
    Mathé

    Dans un jardin de mai joli
    Tiruli tuitui tiruli
    Dans un jardin de mai joli
    Mon lilas blanc a refleuri
    Tiruli tuituit

    Il défleurira sur mon ombre
    Des corolles en si grand nombre
    Mariant pour l'éternité
    Ma peine et ta féminité
    Ton nom
    Maïté

    Dans un jardin de mai joli
    Tiruli tuitui tiruli
    Dans un jardin de mai joli
    Mon lilas blanc a refleuri
    Tiruli tuituit

    Alors atome par atome
    Ta blanche image et mon fantôme
    Dans le lilas réintégré
    Chanteront sur tous les degrés
    Ton nom
    Marie-Thé
    Ton joli nom de lilas blanc
    Marie-Thé Maïté Mathé

    Christian Jodon, 1991

    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "




    La Romance de Paris, Charles Trenet Paroles: Charles Trenet Musique: Léo Chauliac (1942)

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    p p p
    La Haie de tes Yeux

    Pour toutes les saisons de tes chers jolis yeux
    Pour poser leur soucis je planterai un orme
    Un chêne un merisier pour tes jolis yeux bleus
    Un horizon d'amis puissants et multiformes

    Au printemps de tes yeux un merisier qui neige
    En voile de mariée qu'on épouse à seize ans
    Un poirier séculaire et blanc comme la Meije
    Un vieux mari fidèle au bout de deux cents ans

    En été de tes yeux je veux un robinier
    Qui me fera rêver au parfum de tes larmes
    Il foliolera quand tu pourras nier
    Que l'automne à tes yeux enlèvera leur charme

    En hiver de tes yeux j'irai planter un chêne
    Où graver à jamais l'amour de tes yeux bleus
    Pour toutes les saisons que tes regards…
    m'enchaînent
    J'irai planter la haie des beaux géants heureux

    Christian Jodon, 1951


    "Poèmes Populaires, La Forte En T'Aime"
    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "



    "L'Anamour" Superbe poème et musique de Serge Gainsbourg (1969)

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    p p p
    Cryptogammes Alpines...

    Je m'en irai par les ravins
    Où fleurent les adenostyles
    Se mussent de petis malins
    Qui cachent nos fautes de style...

    Je m'en irai par les sous-bois
    Où parmi les fleurs d'anemones
    Se dissimulent les minois
    Des voyelles et des consonnes...

    Je m'en irai par les prairies
    Où sous-couvert d'helianthemes
    S'occultent avec sournoiserie
    De bons et de mauvais poèmes...

    Je m'en irai par les rochers
    Où dans les touffes d'androsaces
    Savent en paix se retrancher
    De gentils contes un peu salaces...

    Je m'en irai près des ruisseaux
    Où dans les floraisons d'astrances
    Tortillent d'habiles rinceaux
    Qui voilent des correspondances...

    Je m'en irai par les chemins
    Où se foulent des alchemilles
    Qui par d'étranges tours de main
    Ne recèlent que des broutilles...

    Christian Jodon, 1981


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "



    
    
    

    Montage par Zianette007: de belles photos sur fond de voix superbe: celle de Trenet — (Charles Trenet, parole, musique et interprétation). En cas d'échec:
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    p p p
    Douceur des Gris

    Ô temps grisé de mes ancêtres
    Ciel grivelé du cœur de France
    Fraîcheur grisante à mon enfance
    Ciel grisaillant doux à tout l'être

    Ô temps grivois de ma jeunesse
    Instants grisants près des grisettes
    Ciel grisolant des alouettes
    Et griserie de la tendresse

    Las grisonnant tel un ancêtre
    Je veux me baigner dans les gris
    Des ciels grisant de mon pays
    Pour y frissonner de bien-être

    Christian Jodon, 2001


    "Poèmes Populaires, La Forte En T'Aime"
    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "



    "Romance" par Juliette Gréco; Paroles: Henri Bassis. Musique: Joseph Kosma 1952

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    p p p
    Une Amour d'un autre âge

    Une amour d'un autre âge
    Au temps des filles sages
    Au temps des loups-garous (1)
    Tresse tes cheveux roux

    Refrain:
    Hou! fait le vent
    Il est doux
    Il est bel
    Sur Chaumontel
    Il est d'où
    L'engoulevent
    Qui fait frrr!
    Dans les Brûlis?

    Une amour d'un autre âge (2)
    Au temps des pucelages
    Au temps des billets doux
    Dentelle et roudoudoux (3)

    Refrain:
    Hou! fait le vent
    Il est doux
    Il est bel
    Sur Chaumontel
    Il est d'où
    L'engoulevent
    Qui fait frrr!
    Dans les Brûlis?

    Une amour d'un autre âge
    Temps de l'amour en cage
    Lorsque de vieux hiboux
    Dressaient d'odieux tabous

    Refrain:
    Hou! fait le vent
    Il est doux
    Il est bel
    Sur Chaumontel
    Il est d'où
    L'engoulevent
    Qui fait frrr!
    Dans les Brûlis?

    Christian Jodon, 1971


    "Poèmes Populaires, La Forte En T'Aime"
    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    Notes section 3-6:   ( Sauter les notes de section 3-6 )
    ——————

    3-6-1.-↑ Loups-garous: pluriel vérifié (PL)
    3-6-2.-↑ Sur le genre du mot amour, cf André de Chénier:
    "Que vos heureux destins, les délices du ciel,
    Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel,
    Et non sans quelque amour paisible et mutuelle..."
    (A.Chénier; Printemps)
    Et dans la "Chanson de Barberine" d'Alfred de Musset:
    "Vous qui croyez qu'une amour délaissée
       De la pensée
       S'enfuit ainsi,
             ... "
    3-6-3.-↑ Roudoudou: seulement au singulier ds Petit Larousse
    (Ni ds Darmesteter, ni ds les "Difficultés..." Girodet.

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    p p p

    Jean Ferrat: "On ne voit pas le temps passer"
    You Tube, Daily Motion: Remerciements pour la joie que nous avons d'écouter les poèmes qu'on aime (" La meilleure encyclopédie poétique est celle qu'on se fait soi-même "); tout en réservant, grâce à la publicité, les droits des auteurs, compositeurs et interprètes.
    C'est un peu dommage que ces vidéos soient "labiles", apparaissant puis disparaissant sans crier gare ce qui rend les "intégrations" aléatoires. Je laisse parfois le "cadre"; il peut vous aider à retourner chercher dans un site spécialisé des vidéos renouvelées. C'est arrivé plusieurs fois depuis un an que j'en ai inclus certaines dans ce site…

    Chanté par Lui: (bonne sono)
    Video montrée par Patrick Marechal grâce à You Tube. Remerciements…
    Nb: parfois la première audition est hachée: débit ADSL insuffisant; la deuxième sera meilleure…




    Autres vidéos sur ce superbe poème, si beau et si… douloureux:
    — Chanté par "Notre Jean" si regretté
    — Chanté par Isabelle Aubret
    — Chanté par un autre chanteur (belle voix, belles graves…)
    — Chanté par un autre bon chanteur (Jean Medelgi) (belle voix, belles graves…)
    — Chanté par Thierry
    — Philippe Lernould, piano
    p p p
    Le Souvenir D'où…
    De Christian à Mathé




    Souvenirs de tous les chemins
    Brodés de dentelles du Puy
    Que tous les deux main dans la main
    Ensemble nous avons suivis

    Souvenirs de tous les chemins
    Qu'ensemble nous avons marché
    Et que tous deux le cœur serein
    Au coude à coude avons cherché

    Souvenirs de tous les chemins
    Que nous butions sur les cailloux
    Mais qu'à l'ultime lendemain
    Nous garderons Souvenir D'Où.

    Christian Jodon, 1995


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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    L'Amère Solitude

    Gronde la mer
    Gronde mon coeur
    Vagues amères
    Flots de rancoeur...

    Pleure mon grand
    Grand coeur perdu
    La belle enfant
    Ne m'a pas vu...

    Secoue mon corps
    De grands sanglots
    Amers et forts
    Comme les flots...


    Christian Jodon, 1951


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    L'Amour sous le Poirier

    Au bois de Jagny
    Y-a-t'un poirier
    Lève ta jupette la messe est finie
    Y-a-t'un poirier
    Au bois de Jagny
    Jette ta culotte sans cérémonie

    C'est un paysan qui l'a complanté
    Et depuis cent ans il neige en avril
    Bandant chaque hiver son vieux tronc viril
    Gloire au laboureur qui l'a enfanté

    Au bois de Jagny
    Y-a-t'un poirier
    Lève ta jupette l'école est finie
    Y-a-t'un poirier
    Au bois de Jagny
    Jette ta culotte tendre Virginie

    C'est un cul-terreux qui nous a surpris
    Et crois judicieux qu'il la chaperonne
    Et devient furieux lorsque la mignonne
    Lui lance aux moustaches un ris de mépris

    Au bois de Jagny
    Y-a-t'un poirier
    Lève ta jupette le prêche est fini
    Y-a-t'un poirier
    Au bois de Jagny
    Jette ta culotte par-dessus les nids

    Il est revenu portant une scie
    Le vieil arbre érecte une verge immense
    Tant le refoulé bouffi par l'offense
    Se rue au géant et le supplicie

    Au bois de Jagny
    Plus de poirier
    Remets ta culotte la joie c'est fini
    Plus de poirier
    Au bois de Jagny
    Il est mort châtré par un cul-béni

    Christian Jodon, 1951


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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    L'Avril neigeant

    C'est l'avril de tes seize ans
    Un avril qui va neigeant
    Sur le labour qui frissonne
    Sur la terre qui grisonne

    L'avril de mes quarante ans
    Un avril qui va neigeant
    Dans mon âme qui bourdonne
    Sur ma tête qui grisonne

    C'est l'avril de tes seize ans
    Le printemps qui va neigeant
    Dans les vergers qui bourgeonnent
    Tes seize années papillonnent

    L'avril est tout enneigé
    Dans mon coeur désobligé
    Sur mes cheveux qui grisonnent
    Dans ma tête qui maronne. (*)

    Christian Jodon, 1981

    Cf Darmesteter: (*) étym: origine inconnue; marmotter, marmonner; Néologisme. Admis Acad Frçse 1878; familier: se plaindre entre ses dents.




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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    Le Cloporte qui voulait partager
    le bain du Poète

    Ciel un cloporte
    Qui se déporte
    Qui se transporte
    Se multiporte
    En ma baignoire!...

    Qu’on me jette un vieux grimoire
    Que j’enlève la mémoire
    A cet hôte dérisoire
    Qui dans mon bain se trimbale

    Qu’on me lance ma sandale
    Que j’écrase ce vandale
    D’une tape radicale
    Comme on soufflette un brigand

    Qu’on me passe un yatagan
    Que d’un revers élégant
    J’étripe cet intrigant
    Cette crevette insipide

    Que la bombe insecticide
    Livre un combat pesticide
    Et perpètre un écocide
    Du ciron qui se transporte

    Jusque dans ma place forte
    Attendant que sa cohorte
    Vienne lui prêter main-forte
    Au fort de mon isoloir

    Qu’on me passe l’écumoire
    Que la bête ambulatoire
    Finisse à la rôtissoire
    Que mérite sa laideur

    Crustacée, petite soeur
    Tu portes tant de hideur
    Que c’en est un crève-coeur
    Et que mon envie s’éteint

    De contrarier ton destin
    D’un papier menu fretin
    Je rejette le trottin
    Par la porte...
    Adieu cloporte!

    Entre tes pattes mille oeufs
    Envahiront les fâcheux
    De ce hameau cafardeux
    Car il sied que la vermine

    Entre parents s’élimine
    Et qu’un bête crétine
    Turlupine
    Mes voisines...

    Christian Jodon, 1951


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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    Dans la colline de Chaumontel

    Dans la colline de Chaumontel
    Y-a le vent, y-a le vent, Mam'zelle!
    Dans la colline de Chaumontel
    Tu n'y seras plus pucelle
    Longtemps!


    Qu'il était gai   ce mois de mai
    Framboise et fraise où tu m'aimais
    Et sous tes froufrous c'était si fripon
    Que c'était trop doux d'être né garçon
    >>————————————————————>
    Dans la colline de Chaumontel
    Y-a le vent, y-a le vent, Mam'zelle!
    Dans la colline de Chaumontel
    Tu n'y seras pas fidèle
    Longtemps!



    Qu'il était triste  ce mois d'août
    Que tu lui faisais les yeux doux
    Et dans le sous-bois quand l'autre t'aimais
    Pour trois cheveux gris je me morfondais
    >>————————————————————>
    Dans la colline de Chaumontel
    V'là l'hiver, v'là lhiver, Mam'zelle!
    Dans la colline de Chaumontel
    Je n'y serai pas fidèle
    Cent ans



    Quand tu l'aimais  bien à couvert
    Qu'ils étaient longs ces mois d'hiver
    Et pour les frimas qui couvrent mon front
    D'une branche basse me trouverai bon
    >>————————————————————>
    Dans la colline de Chaumontel
    Y-a la mort, y-a la mort, Mam'zelle!
    Dans la colline de Chaumontel
    Et moi qui cours après elle
    Longtemps!
     ♥


    Christian Jodon, 1971


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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    L'Amour des Deux Jacinthes

    Là-haut sur la colline
    Y-a-t'un joli jardin
    Lavande et romarin
    Lavande et romarin

    Il y a deux jacinthes
    Dans ce joli jardin
    Le jardin de tes yeux
    Remplis de romarin
    Lavande du ciel bleu
    Deux jacinthes au jardin

    Pour tes jolies jacinthes
    J'ai pleuré dans mes mains
    Lavande et romarin
    Lavande et romarin

    Insensible à ma plainte
    Ni jour d'hui ni demain
    Pour tes jolies jacinthes
    Je pleurerai sans fin
    Modulant la complainte
    De ton regard de lin

    Là-haut sur la colline
    Y-a-t'un joli jardin
    Lavande et romarin
    Lavande et romarin

    Ton jardinier jardine
    Tes deux yeux au jardin
    Le parfum de tes yeux
    Vaut bien le romarin
    Lavande du ciel bleu
    Deux jacinthes au jardin

    Le vent de la colline
    M'apporte ton parfum
    Lavande et romarin
    Lavande et romarin

    Le parfum de jacinthe
    De tes beaux yeux de lin
    Avec un goût d'absinthe
    D'amer et de citrin

    Au jardin de tes yeux
    J'irai mourir demain

    Christian Jodon, 1951


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    p p p
    La Dulcamara…


    Adieu l'écolière
    Pour qui j'ai sublimée
    Cette amour douce-amère
    Que pour toi j'ai rimée

    Je traîne mon boulet dans un désert hostile
    Sous un âcre ciel gris qu'un vent méchant distille
    Dans les matins sans joie remplis d'arbres tués
    Des banlieues sordides aux murs prostitués
    Près des rivières sales hantées de poissons morts
    Mes réveils sans espoir où vivre est un effort

    Adieu l'écolière
    Pour qui j'ai sublimée
    Cette amour douce-amère
    Que pour toi j'ai rimée

    A l'orée des forêts chantent aux quatre vents
    Les réveils éblouis de tes seize printemps
    Tes yeux écarquillés cillent aux lumières
    Des rosées pailletant les aubes clairières
    Tes matins sont autant de rayons de soleil
    Irisant une ondée sur des bourgeons vermeils

    Adieu l'écolière
    Pour qui j'ai sublimée
    Cette amour douce-amère
    Que pour toi j'ai rimée

    Il y a quelque temps tu t'étais approchée
    Et ma vie à ta vie me semblait accrochée
    Ta fraîcheur m'inondait et pendant près d'un an
    J'eus les réveils joyeux d'un homme de vingt ans
    Les réveils pleins d'espoirs et de chant du pinson
    Des matinées de joie rythmées par ta chanson

    Adieu l'écolière
    Pour qui j'ai sublimée
    Cette amour douce-amère
    Que pour toi j'ai rimée

    Chaque jour me revient ton hypocoristique
    Et ton regard noyé dans le flou artistique
    Du flot de tes cheveux c'est le tendre regard
    De la fille adoptive adorée sur le tard
    Tiens l'hiver est venu et la neige à couvert
    Mon front déjà chenu voit la fin du désert

    Adieu l'écolière
    Pour qui j'ai sublimée
    Cette amour douce-amère
    Que pour toi j'ai rimée

    Christian Jodon, 1970


    "Poèmes Populaires, La Forte En T'Aime"
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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

    p p p
    Pour une mèche brune

    Brunette m'a souri
    Mais ne m'a pas dit oui
    Et nulle n'a rougi
    Quand j'ai défait mon lit

    Brunette a fait la moue
    A mon regard trop doux
    N'y aura que ma joue
    Sur mon oreiller mou

    Brune parmi mes rêves
    T'embrasserai sans trêve
    Sur tes cuisses trop brèves
    Je poserai mes lèvres

    Sur ton ventre câlin
    Je poserai mes mains
    Entre tes petits seins
    Mon front enfin serein

    Sur ton épaule douce
    Ma bouche à la rescousse
    Ira vers ta frimousse
    Baiser des taches rousses

    Et lorsque le matin
    Apparaîtra enfin
    Je pleurerai sans fin
    D'être seul dans le lin

    Christian Jodon, 1952


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    À une petite élève Vietnamienne
    Dont les yeux n'étaient qu'un rire entre deux fentes


     Au premier cours je lui dis:
    " Bonjour mademoiselle Ming ".

    - M'sieur qu'est-ce que c'est ? (Choeur des Cancres)
    - C'est du vietnamien !

    La demoiselle me regarde sévèrement avec des yeux ronds
    Autant ronds qu'il en puisse venir à une Vietnamienne !
    Et elle me dit, outrée: " Non, c'est pas vrai ! ".
    J'assure: " Si, c'est du Vietnamien;
    Mais pas du Vietnamien de cuisine.
    C'est du Vietnamien de mandarin ! "

     Choeur des Cancres:
    ( Qui espèrent m'embarrasser ! )
    - M'sieur, qu'est-ce que ça veut dire ?

     Cela veut dire 
    " Une petite goutte de rosée
    " Sur un pétale de fleur de pêcher à peine éclose "
    " Ming "
    " Admirez la subtile concision de la langue vietnamienne ! "

     Choeur des Cancres:
    " Oh c'est beau M'sieur, c'est poétique ! "

     Au deuxième cours je lui dis:
    " Bonjour mademoiselle Yong ".

    - M'sieur, qu'est-ce que c'est, c'est du vietnamien ?
    Cette fois la demoiselle ouvre aussi grand qu'elle peut
    Ses fentes rieuses de Tonkinoise, sans protester.
    - Bien sûr; mais pas du vietnamien de cuisine;
     Du vietnamien savant !

     Choeur des Cancres:
    ( Qui espèrent m'embarrasser ?

    Cela veut dire ?
    " Yong "
    " Par un clair matin de printemps
     Tout inondé de rayons de soleil "
    " Yong "
    Admirez la gracieuse concision de la langue vietnamienne !

     Choeur des Cancres:
    " Oh c'est beau M'sieur, c'est poétique! "

     Au troisième cours je lui dis:
    " Bonjour mademoiselle Chou ".
    Cette fois la tendronne n'a plus qu'un éclat rieur
    Entre les fentes de ses paupières.

     Choeur des Cancres:
    ( Qui désespèrent de m'embarrasser mais souhaitent
     retarder le moment de l'interro écrite !)
    - M'sieur, qu'est-ce que ça veut dire?

    Cela veut dire, en vietnamien de mandarin:
    " Chou "
    " Là-bas au loin, très loin, là où le ciel rejoint la terre
    " Sur les rives du fleuve Mékong "
    " Chou "
    " Admirez la savante concision des vocables vietnamiens !"

     Choeur des Cancres:
    " Oh c'est beau M'sieur, c'est poétique ! "

     Au quatrième cours je lui dis:
    " Bonjour mademoiselle Ming-Yong-Chou ".

    Alors le Choeur des Cancres entonne:

    " Ming-Yong-Chou "
    " Ce qui veut dire en vietnamien de mandarin:
    " Une petite goutte de rosée
    " Sur un pétale de fleur de pêcher à peine éclose
    " Par un clair matin de printemps
    " Tout inondé de rayons de soleil
    " Là-bas au loin
    " Très loin
    " Là où le ciel rejoint la terre
    " Sur les rives du fleuve Mékong..."
    " Ming-Yong-Chou "
    " Admirez la subtile concision de la langue vietnamienne ! "

    Et moi, tout ce que je trouve à dire c'est:
    " Oh c'est beau, c'est poétique !..."

    Christian Jodon, 1981


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    La Passante aux Yeux Bleus
    À une petite cousine de douze ans, si vite passée…

    Tes yeux sont si bleus
    Que je caravelle en des océans
    De vagues amères aux gouffres béants

    Tes yeux sont si bleus, si bleus
    Que je grosbourdonne au creux de tes fleurs
    D'Endymion nutans et pois de senteurs

    Tes yeux sont si bleus, si bleus, si bleus
    Que je follatome happé dans le champ
    De tes nébuleuses au tréfond des temps

    Tes yeux sont de si jolies fleurs bleues

    Christian Jodon, 1948


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    VISIONS…

    Oradour, joli nom qui rime avec amour.
    Pastorale envolée de cloches. La rosée
    Glace un pied frissonnant de fillette arrosée;
    J’entends rire un enfant dans le fond d’une cour.

    Joie qui durcit les seins aux doigts du nouveau-né;
    Joie du parfum terreux qu’exhale le labour;
    Joie qui gonfle d’honneur des hommes sans détours;
    Limousine pucelle au regard étonné:

    J’entends hurler l’enfant dans le fond de la cour;
    Le calice est sanglant sous un corps lacéré;
    Le fœtus sort fumant du ventre déchiré:
    Joie d’éventrer la joie, voit-on finir le jour ?

    Oradour, joli nom qui rime avec amour...

    Christian Jodon, 1950


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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    Drôle d'Education Sexuelle !

    En exergue:

    « Parle si tu as des mots plus forts que le silence ou garde le silence »
    Euripide (-480/-406 av.JC) poète tragique grec.

    Proxénète: celui qui fait le métier d'entremetteur
    (Dictionnaire Quillet Flammarion); - emprunté au
    latin proxeneta, entremetteur, entrememetteuse
    (Hatzfeld & Darmesteter);
    - personne qui facilite la prostitution d'autrui et en partage le prix.
    Prostitution: Acte par lequel une personne consent à des rapports sexuels
    contre de l'argent. (Dictionnaire Petit Larousse)."


    Il existe une catégorie sociale qu'oublient nos
    pudiques dictionnaires…

    Ceux-là se saisissent d'une jeune fille en fleur.
    Elle est fraîche comme une prairie perlée…
    d'une rosée de printemps.

    Elle est pure comme la neige au sommet de la Meije...
    Pure comme l'eau d'une source…
    mussée dans les taillis...

    Elle est jolie.
    Mam'zelle Grain-d'son plein sa frimousse!
    Elle est douce.
    Elle est parfum comme chèvrefeuille…
    enlaçant coudrier...
    Comme un muguet perçant les mnies
    Du Bois de Jagny...
    Comme lilas blanc au jardin de mai.

    Ils la volent.
    Ils la forcent.
    Ils la contraignent.
    La violentent, l'asservissent.
    Ils la rouent de coups, la terrorisent,…
    Ils la louent, la vendent, la violent, la prostituent.
    En tirent profit, construisent des fortunes sur sa déchéance.
    Quand elle est avilie, souillée, vieillie, déchue;
    Quand elle est devenue laide;
    Qu'elle est trop malade;
    Ils la jettent.
    Ils vont plus loin.
    Ils recommencent;
    Et leur appétit est insatiable:
    Jamais il ne s'arrêtent.
    Nul jamais ne les arrêtera!

    Cette vierge blonde au front cerné de feuilles,

    Tu la connais.
    Tu as compris
    Qui elle est: c'est la Nature
    Qui t'a conçu, donné le sein, l'eau, le pain;
    Et tous les poissons de la mer ( "Je" te les donne );
    Et tous les oiseaux des airs ( "Je" te les donne aussi );
    Et tous les animaux de la terre ( "Je" te les donne )...
    Mais eux ne l'entendent pas comme ça!
    Ils t'arrachent ta terre.
    Ils pillent ta mer.
    Ils vident ton ciel,
    Toujours salissent
    Ton air…
    Ton eau !

    Le Doudo,
    L'Ours des Pyrénées;
    Ton Pingouin arctique et l'aigle;
    Le Pigeon migrateur d'Amérique;
    Ils exterminent ta Rythine de Steller,…
    L'Okapi qui n'est plus qu'un titre d'illustré;
    Et ma jolie palombe qui chante jour et nuit...
    Chaque jour ils pillent des milliers de forêts
    Chaque jour ils détruisent mille espèces
    Leur arrogance jamais n'abdiquera;
    Que dans l'enfer nucléaire
    Qu'ils ont construit,
    Jour après jour,
    Nuit après nuit.
    Haine après haine.
    Violence après violence.
    Ordure après ordure, torture après torture.

    Les Proxénètes de la Nature…
    Les Proxénètes de la Nature…
    Les Proxénètes de la Nature !


    Christian Jodon, 1981


    Note: " - Et, en leur temps, les pères de l'Église n'y allaient pas par quatre chemins. Avec saint Ambroise, par exemple, qui affirmait : «Quand tu fais l'aumône à un pauvre, tu ne fais que lui rendre ce à quoi il a droit, car voici que ce qui était destiné à l'usage de tous, tu te l'es arrogé pour toi tout seul.» "
    http://www.lefigaro.fr/debats/2008/12/27/... Noël dans la crise : un rendez-vous pour l'espérance

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    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982;http://www.sos-valdysieux.fr "

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    Superbe interprétation de la chanson de Carlos Puebla par la chanteuse Nathalie Cardone, en 1997.

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    La Chanson de Che Guevara
    « Si le Christ était venu en Colombie, devant tant d'injustices,
    lui aussi aurait pris la mitraillette et gagné les maquis ».
    Camilo Torres, sociologue, prêtre et révolutionnaire colombien.
    En 1958, aumônier de l'université Nationale à Bogotá.





    Amis cessez de gémir
    Ma flamme est toujours vivante
    (1)
    Je sens à nouveau frémir
    Les côtes de Rossinante
    Sous mes talons

    Quel feu le poussait-il aux rives des Antilles
    Où d'autres s'acharnaient à marauder de l'or
    Aux sols ensanglantés par les conquistadors
    Guerillero puiné des seigneurs de Castille?(2)

    Il était bel et jeune à ses amis fidèle
    En dépit des travers de sa complexion
    Toujours il fut constant à sa conviction(3)
    Devenant pour les jeunes un ultime modèle(4)

    Amis cessez de gémir
    Ma flamme est toujours vivante
    Je sens à nouveau frémir
    Les côtes de Rossinante
    Sous mes talons

    Hidalgo né pour jouir comme un fils à papa(5)
    De l'hacienda dormant aux confins des pampas
    Quel souffle animait donc ce seigneur si chétif(6)
    Le métamorphosant en un cheval rétif
    Pégase émerveillé du levant au ponent(7)
    Courant la cordillère et les cinq continents?

    Enfant de paladins en richesses prodigues
    Méprisant les honneurs que les vaniteux briguent(8)
    Tout jeune il réfutait les attraits de l'argent(9)
    Pour consacrer son coeur au soin des indigents(10)
    Se coupant sans retour de la noble existence(11)
    Pour briser des puissants l'injuste omnipotence.

    Amis cessez de gémir
    Ma flamme est toujours vivante
    Je sens à nouveau frémir
    Les côtes de Rossinante
    Sous mes talons

    Ils n'étaient plus que douze en Sierra Maestra
    Près de Fidel Castro pour gagner le contrat
    D'armer les paysans des plantations de cannes
    Et chasser Batista des rues de La Havane
    Le peuple eut à les voir tant de résolution
    Que Cuba s'enflamma pour la Révolution

    Alors des tabliers fringants la farandole
    Se pressa pieusement aux portes des écoles
    Donnant aux paysans les meilleurs médecins
    Et les meilleurs soldats contre les assassins
    Tandis que des légions d'athlètes pacifiques
    Se couvraient de lauriers aux joutes olympiques

    Amis cessez de gémir
    Ma flamme est toujours vivante
    Je sens à nouveau frémir
    Les côtes de Rossinante
    Sous mes talons

    Mais toujours en son rêve il voyait des géants
    Lever les bras aux cieux pour frapper des enfants
    Débordant de révolte en son sang qui fourmille
    Il laissa les honneurs sacrifia sa famille
    Pour chevaucher la Terre et les vents et nuées
    Libérant des tyrans l'esclave exténué

    Un jour à Higueras hameau de Bolivie
    Un paysan madré lui monnaya sa vie
    Bradant pour trois dollars le Paladin des Andes
    Qui de sa liberté lui avait fait l'offrande
    Ainsi meurent parfois de riches étrangers
    Dévorés par les chiens qu'ils vinrent délivrer(12)

    Amis cessez de gémir
    Ma flamme est toujours vivante
    Je sens à nouveau frémir
    Les côtes de Rossinante
    Sous mes talons

    Sur l'écharpe d'Iris drapant le ciel des Andes
    L'étoile au front narguant les cosmiques guirlandes
    Il est là le guerrier des monts vertigineux
    Menant sa Rossinante aux sentiers lumineux
    Chantonnant aux vallées le choeur égalitaire
    Qui ranime l'espoir au coeur des prolétaires

    Il est là je l'entends et ce n'est pas le vent
    Des Andes qui me crie: "Je suis toujours vivant..."
    Les vautours charognards dans la nuit qui sanglote
    N'ont pu déchiqueter le corps de Don Quichotte
    Il est là je le vois jeune encore avenant
    Chevalier des nuées à jamais revenant

    Amis cessez de gémir
    Ma flamme est toujours vivante
    Je sens à nouveau frémir
    Les côtes de Rossinante
    Sous mes talons
            Che!
    Je suis un chat et comme les chats j'ai sept vies

    Christian Jodon, 1951


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    — "Hasta Siempre" de Carlos Puebla, auteur et compositeur, chanteur; la plus "authentique version".
    "Hasta siempre, Comandante" veut dire en français "Avec toi pour toujours, Commandant". Tout savoir sur la chanson "Hasta Siempre"
    — Voir, Écouter des vidéo dont "Hasta Siempre": (Cliquer ici)

  • Notes de "La Chanson de Che Guevara":  ( Sauter les notes )

  • *.- Jean Lartéguy p.32
    Camilo Torres; prêtre en Colombie; né d'une grande famille;
    ancien aumônier de l'Université.
    Se fit tuer dans le maquis de Santander.
  • 1.- Quatre vers suivants: à peu près le texte de la dernière lettre du Che à ses parents, au moment du départ en Bolivie.
  • 2.- Un des ancêtres de sa mère, Celia de la Serna, avait été le dernier Vice-Roi espagnol du Pérou. (Lartéguy, p.57)
  • 3.- Var.: Toujours il fut fidèle à sa conviction
  • 4.- Var.: Forgeant pour la jeunesse un ultime modèle
  • 5.- Cf Jean Lartéguy "Les guerilleros" p.57
  • 6.- Id p59
  • 7.- ponant: du méridional ponent (Hatzfeld & Darmesteter)
  • 8.- Cf p.57 "les honneurs, ça m'emmerde"
  • 9.- Amour déçu de Chichina Fereiras cf id p.62
  • 10.- Médecin de léproserie au Venezuela en 1953 p.64
  • 11.- Var.: S'arracher sans retour à la noble existence
  • 12.- Var.: Mordus des chiens galeux qu'ils viennent délivrer
          Mordus par les chiens fous qu'ils viennent délivrer
  • 13.- Textes et - Hasta siempre ! (Soledad Bravo, Venezuela: superbe voix féminine !)
    - Hasta siempre, comandante Che Guevara ! (Carlos Puebla, Cuba: superbe interprétation masculine !)
    -  Les derniers jours du Che (Avec de nombreux liens…)
    - Un extrait du film de Pierre Richard et Jean Cormier : "Parlez-moi du Ché".


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    p p p
    Hasta Siempre, Comandante !
    Auteur: Paroles et musique: Carlos Puebla.

    Paroles d'Hasta Siempre…
    Ci-contre: Soledad Bravo


    Soledad Bravo é considerada uma das maiores vozes da América hispânica.

    Aprendimos a quererte
    Desde la histórica altura
    Donde el sol de tu bravura
    Le puso un cerco a la muerte

    Refrain:
    Aqui se queda la clara
    La entrañable transparencia
    De tu querida presencia
    Comandante Che Guevara

    Tu mano gloriosa y fuerte
    Sobre la historia dispara
    Cuando todo Santa Clara
    Se despierta para verte (Refrain )

    Vienes quemando la brisa
    Com soles de Primavera
    Para plantar la bandera
    Com la luz de tu sonrisa (Refrain )

    Tu amor revolucionario
    Te conduce a nueva empresa
    Donde esperan la firmeza
    De tu brazo libertario (Refrain )

    Seguiremos adelante
    Como junto a ti seguimos
    Y com Fidel te decimos:
    Hasta siempre, Comandante
    (Refrain )

    Traduction: Avec Toi Pour Toujours

    Nous avons appris à t'aimer
    Depuis les hauteurs historiques
    Où le soleil de ta bravoure
    A couronné la mort

    Refrain
    Ici, il reste la claire,
    La tendre transparence
    De ta présence bien aimée
    Commandant Che Guevera

    Ta main glorieuse et forte
    Fait feu sur l'Histoire
    Quand tout Santa Clara
    Se réveille pour te voir (Refrain )

    Tu arrives en embrassant la brise
    Avec des soleils printaniers
    Pour planter la bannière
    Avec la lumière de ton sourire (Refrain )

    Ton amour révolutionnaire
    Te conduit vers de nouvelles conquêtes
    Où l'on attend la fermeté
    De ton bras libérateur (Refrain )

    Nous continuerons toujours
    Comme nous continuons près de toi aujourd'hui
    Et avec Fidel, nous te disons
    "Avec toi pour toujours, Commandant"
    (Refrain )


    Auteur: Paroles et musique: Carlos Puebla.


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    La JoLiberté

    Ma liberté je t'ai perdue
    Au travers des quartiers miteux
    Aux murs salis calamiteux
    Comme une pensée défendue

    Au travers des quartiers miteux
    Fuyant les foules éperdues
    Comme une pensée défendue
    Fuyant tes parfums capiteux

    Fuyant les foules éperdues
    Ceux qui te gardent tout pour eux
    Fuyant tes parfums capiteux
    Ma liberté qui m'était due

    Ceux qui te gardent tout pour eux
    D'eux tu n'auras plus dépendu
    Ma liberté qui m'était due
    Car au long des chemins herbeux
    Je t'ai trouvée ma liberté

    Ma JoLiberté

    Christian Jodon, 1951


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    Frédéric Gros. Carnets Nord - Bref extraits

    Marcher et philosopher

    Alors que j'ai publié ce poème sous-forme d'une lettre aux habitants de mon village en janvier 2005, puis dans mon site dès février 2007, j'ai eu le plaisir de trouver, dans le Figaro du jeudi 13 août 2009, un article de Paul-François Paoli présentant un livre qui exprime en prose ma "JoLiberté". J'en ai fait un extrait ci-dessous, tant des plumes de Mr. Paoli que de Frédéric Gros, pour attiser la curiosité des marcheurs concernés.

    Extrait:
    « Dans un ouvrage d'une profonde simplicité, le philosophe Frédéric Gros montre que l'engouement actuel pour la marche et le pèlerinage a une histoire et peut recouvrir de profondes expériences spirituelles.
    « Au commencement était la route.., » Cette formule n'est pas de l'écrivain américain Jack Kerouac, le célèbre auteur de "Sur la route", mais d'un historien spécialiste de l'époque médiévale, Joseph Bédier, qui a mis en évidence l'importance de la marche à pied en ces temps où l'on pérégrinait de Paris à Compostelle, Rome ou Jérusalem.
    Pourtant, comme le montre Frédéric Gros dans "Marcher, une philosophie", ce sens de l'aventure pédestre qui habitait les pèlerins s'est perdu avec le monde moderne et le développement des grands moyens de communications. Il a été remplacé, notamment à la fin du XVIIIe siècle, par la promenade, qui est un acte de reconnaissance sociale - c'est le moment de rencontrer ses proches - ou d'un simple délassement. Il faudra attendre le romantisme, et notamment l'Anglais Wordsworth, auteur de "Prélude", un grand poème autobiographique, pour que la marche en pleine nature, qui était l'apanage des miséreux, retrouve ses lettres de noblesse. (...)
    Sensation de liberté.
    Puis viendront Rousseau (...), Rimbaud (...), Nietzsche (...), ou encore Gérard de Nerval, poète de l'errance mélancolique. (...)
    Mais pourquoi tant de passion pour un acte aussi monotone que celui de poser un pied devant l'autre, parfois des jours durant? De quoi la marche, qui n'est pas une quête de performance narcissique, nous délivre-t-elle? Familier des sentiers de montagne, Frédéric Gros nous donne sa réponse:


    « On ne va pas en marchant à la rencontre de soi-même; comme s'il s'agissait de se retrouver (...) pour reconquérir un moi authentique, une identité perdue. En marchant, on échappe à l'idée même d'identité, à la tentation d'être quelqu'un... » D'où une sensation de liberté toute fraîche, retrouvée, qui, au fur et à mesure que la fatigue se transforme en plénitude, peut inspirer une forme d'ascèse. « La liberté alors, c'est une bouchée de pain, une gorgée d'eau fraîche, un paysage ouvert »
    , écrit l'auteur, (...)»

    Paul-François Paoli; Le Figaro, jeudi 13 août 2009
    "Marcher, une philosophie", de Frédéric Gros. Carnets Nord, 302 p., 17€(...)

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    William Wordworth: Le Prélude”
    Comme le "Poète du Lac" a été évoqué dans l'article cité, j'ai souhaité retrouver chez lui la trace de ce sentiment de liberté que procure la marche à pied dans le milieu naturel. Voici, ci-dessous:
    Extrait du "Prélude" de William Wordworth
    Traduction de Maxime Durisotti

    William Wordworth; "Prélude"; extrait

    Oh ! c’est pour me bénir que cette douce brise
    Souffle depuis les étendues vertes, les nuages
    Et depuis le ciel ; elle fouette ma joue
    Et semble à peine consciente de la joie qu’elle dispense.
    Oh bienvenue, messagère ! bienvenue, ô mon amie !
    L’otage te salue, qui du lieu de sa servitude
    S’est échappé, libre enfin des murs de cette ville, là-bas,
    La prison qui longtemps le retint captif.
    Aujourd’hui je suis libre, affranchi, au grand air,
    Je puis élire domicile où il me plaira.
    Quel abri saura m’accueillir ? dans quel vallon
    Sera mon port ? au milieu de quel bois
    Etablirai-je ma demeure, et quel doux ruisseau
    De son murmure me bercera jusqu’au sommeil ?
    La terre est toute devant moi ! Avec un coeur
    Joyeux, et que sa propre liberté n’effraie pas,
    Je regarde alentour ; dussé-je n’élire pour guide
    Rien de mieux qu’un nuage errant,
    Je ne saurais m’égarer. Je respire à nouveau.
    Des pensées extatiques, des monuments de l’esprit
    Rapidement m’assaillent. (...)

    Pour trouver l'ensemble de la traduction: William Wordworth traduit par Maxime Durisotti

    William Wordworth (1770-1850)



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    p p p
    Un Parfum de Champagney
    À Pierre-Antoine Jodon, paysan du Jura de 1789, mon ancêtre

    Je t'ai connu et tant aimé
    Parfum des terres labourées
    Parfum des reines inconnu
    Quand l'esclavage était vertu
    Quand l'esclave acquit la fierté
    De respirer ta Liberté
    Où le fumier que l'on remue
    Se mêlant à la terre nue
    Donnait un goût d'éternité
    A l'écrasante pauvreté
    Quand mes ancêtres ont obtenu
    De libérer l'esclave nu
    C'est toi qui l'avais inspiré
    Parfum des terres labourées

    Christian Jodon, 1991


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    p p p
    Terre! Terre! Terre!...
    "Nageurs morts suivront nous d'ahan
    Ton cours vers d'autres nébuleuses..."
    Guillaume Apollinaire*



    Ô ma planète bien-aimée
    Mon beau vaisseau jamais ancré
    Musardant en l'éternité...
    Il faudra que ma vie finisse
    Et que jamais plus je ne puisse,
    Amant de tes féminités
    Que je n'aurai pas visitées
    Voir tes splendeurs qui me ravissent,
    Éclair trop bref que j'ai passé...
    s

    Note: *G.A.: "La Romance du Mal-Aimé" 1903

    Planète Christian Jodon, 2001


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    p p p
    Poire tombant à la Verticale
    Ci-dessous, un poème plus... moderne à prendre avec indulgence: c'est un effort de recherche!



    Ta Chair dans ma Chair...

    Mieux me laisser, poire, moi! t’aimer
    Vaut plus que confire ta chair qui va
    Péter la joie maintenant que j’assume
    Dans le fond de ma gorge, profonde!
    La chair de ta chair de poire qui me féconde et me
    Colle à la peau!


    Christian Jodon, 1951


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    p p p
    Parfums Perdus
    À Brigitte, une petite cousine
    qui demandait un poème.



    Ô les parfums de mon enfance
    Où êtes-vous les parfums frais
    Les effluves et les fragrances
    Vous que j'ai perdus à jamais...

    Ô de Père grand le cellier
    Parmi les outils défendus
    Les tanins mousses et boisés
    Des cœurs de chênes refendus

    Senteurs du sable très subtiles
    Lorsque la pluie découvrirait
    Les coquilles et les fossiles
    Qu'aux premiers jeux je marierais

    Parfum de pâtisserie suisse
    Rue du Mazel à Saint-Céré
    Des cent gâteaux de son office
    Et du baba trop macéré.

    Ô le distillat des garrigues
    Aux caillasses escaladées
    A Cassis et le goût des figues
    Et de narcisse achalandées

    Ô l'arôme des anémones
    Ignoré des fumeurs blasés
    Dans ma mémoire qui résonne
    Comme un relent des jours aimés

    Ô dans l'air glacé des matines
    Fumet des fumiers jurassiens
    Mêlant d'entêtantes résines
    Des scieries et l'odeur du pain

    Effluve unique de la classe
    Aux douze élèves au Pèr'Baudet
    Et l'odeur de poussin fugace
    D'une fillette que j'aimais

    Ô les tilleuls de Chantilly
    Qu'à bicyclette on parcourait
    Les exhalaisons infinies
    D'un air de miel qui nous saoûlait

    Ô l'humus foulé des tillaies
    Emanations de Virginie
    De tabacs blonds et de bouquets
    D'exotiques et de symphonies

    Parfum des terres labourées
    D'enfant travaillant au labour
    Des terres intimes exhumé
    Je te humais avec amour

    Ô temps perdu des cent fragrances
    Qui jamais ne nous reviendra
    Tu as odoré nos enfances
    Du narghilé des premiers pas

    Ô temps échu des cent fragrances
    Qui jamais ne fleuriront plus
    Les fleurs du nez de notre enfance
    Blessent nos âmes corrompues


    Christian Jodon, 1951


    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    ———·•·———


    p p p
    
    "Le Vieil Acharné"

    Au paysan qui l'avait planté.

    Ô toi vieux mutilé
    Ô toi vieux vénérable
    Au tronc creusé
    Des misérables
    Calciné...

    Tu es mon frère aîné
    L'ancêtre impérissable
    Et tourmenté
    Des exécrables
    Années...

    Comme toi j'ai peiné
    Parmi d'âpres semblables
    Qui ne m'ont pas aimé
    D'inapaisables
    Forcenés...

    Mais malgré des années
    De peines redoutables
    Te revoici chargé
    De fleurettes affables
    Vieil acharné...

    Oh! Je suis comme toi
    L'opiniâtre indomptable
    Comme toi couronné
    De fleurs très improbables
    Au temps ressuscité
    Des jours aimables...

    Ô toi vieux décharné
    Ô vieillard intouchable
    Acharné trèsaimé
    Mon aïeul véritable
    Inachevé
    Imperturbable...


        Christian Jodon, 16 avril 2009
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    Le Casque du G.I.

    Partez du Bas
    Grimpez à l'échelle...


    L'insouciance des enfants
    Portant encore au visage
              Et lui qu'un adolescent
             J'étais lors qu'un enfant sage



       D'obus abasourdissants
      Le terrible martelage
     Dans les cris assourdissants
    En juin sur l'immense plage



                Il perdit en se couchant
               Dans l'horrible tintamarre
              Le casque qu'en trébuchant
             D'un G.I. dans la bagarre



       D'un autre juin trop sanglant
      Souvenir d'une querelle
     J'ai retrouvé tout tremblant
    En juin sous une poutrelle



                Un La Fontaine attrayant
               Les Pythiques de Pindare
              Un illustré distrayant
             Le portrait de l'oncle Icare



       Des jupons de l'ancien temps
      Sous d'amusantes dentelles
     Et le temps d'un passe-temps
    En juin pour des bagatelles



                Dans un phono larmoyant
               Un vieux disque de cithare
              Un bicorne chatoyant
             Une pipe une guitare



       D'images des jours heureux
      Fouiller une ribambelle
     De mon grenier poussiéreux
    En juin j'ai gravi l'échelle



    Rez de Chaussée: partez d'ici, grimpez…     

                        La suite… Maintenant, descendez du grenier...     



                Il vint d'un lointain rivage
               Pour un devoir important
              Imaginant le ravage
             Qu'il ferait en s'emportant



       Il fit quatre pas en France
      Et mourut en honorant
     Son pays car sa souffrance
    Nous libérait des tyrans



                Il était meilleur peut-être
               Que tous ceux qu'il délivrait
              Sa vie lui eût fait connaître
             Une infinité d'attraits



       Une pipe une guitare
      Un costume chatoyant
     Au saloon une bagarre
    Un étalon flamboyant



                Une fille aux yeux de lin
               L'instant d'une bagatelle
              Une brune aux yeux câlins
             Pour une amour immortelle



       Des montagnes gigantesques
      Et des plages infinies
     Et des villes titanesques
    Floride et Californie



                En juin j'ai gravi l'échelle
               De mon grenier poussiéreux
              Fouiller une ribambelle
             D'images des jours heureux



       Un vieux casque une gamelle
      Une carte de J-deux
     Des godillots sans semelle
    Dans une vieux Gringoire hideux

    Christian Jodon

    C'était le 6 juin 1994.
    Cinquantième Anniversaire du
    Débarquement en Normandie
    Édité sur le site www.sos-valdysieux
    Le 6 juin 2009, 65ème anniversaire
    En l'honneur de la visite de S.M. Elizabeth II d'Angleterre
    « le seul chef d’État au monde ayant porté l’uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale »
    et
    du Président des États-Unis Barak Obama


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    "Elégie de Monsieur Sosthène!..."
    "1997"
    
    M'sieur Sosthène en mon jardin
    Au secours c'est ma saucisse!
    Que ce goinfre ce jocrisse
    Que s'empifre ce gredin!

    M'sieur Sosthène en mon jardin
    Au larron c'est mon rôti
    Que baffre cet abruti
    Sous le pied de romarin!

    M'sieur Sosthène en mon jardin
    Au voleur c'est mes lardons
    Que grignote ce larron
    Sous un brin de lavandin!

    M'sieur Sosthène en mon jardin
    Arrêtez, c'est les merleaux !
    Qu'égorge ce brigandeau
    Avec son air anodin!

    II est mort bien poliment
    Au fond de la chaufferie
    D'un excès de goinfrerie
    D'un piteux miaulement ...

    Il repose en son jardin
    Derrière le cornouiller
    Sous un rameau de rosier
    A trois mètres du bassin...

    Le merle pas rancunier
    Vient chanter à cloche-merle
    Sur sa patte qui chancèle
    Vient chanter à cloche-pied

    Monsieur Merle en requiem
    Venez triller sur sa tombe
    Car c'est à vous qu'il incombe
    De lui dire comme on l'aime ...


          Christian Jodon
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    "Pleure Nicole..."

    Est mort Hérode le Grand
    Que tant d'innocents contemplent
    Massacrant les Innocents
    Tout en construisant le Temple
    Pleure Nicole...

    Est mort Hérode Antipas
    Décapitant Jean-Baptiste
    Crucifiant du même pas
    Notre Seigneur Jésus Christ
    Pleure Nicole...

    Il est mort le roi Hérode
    Roi Hérode Agrippa II
    Qui par cruelles méthodes
    Réprima le peuple hébreux
    Pleure Nicole...

    Mais Nicole elle s'en fout
    Des Hérodes rois antiques
    « Hérode » était son toutou
    Qui mourut bouffé des tiques
    Pleure Nicole...

    Car Nicole a cœur si tendre
    Qu'elle estime avoir le droit
    De préférer à tout prendre…

    Mieux pleurer un chien qu'un roi...

          Christian Jodon, 14 juillet 2007
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    Souvenez-vous:« La mort d'un million d'hommes importe peu pour un homme comme moi. » (Napoléon Ier)

    - Hérode le Grand, né à Ascalon en 62 av. J.-C., roi de Judée de 39 av. JC à 4 ap., ordonna selon l'Évangile le massacre des Innocents.
    - Son fils Hérode Antipas, tétrarque de Galilée de 4 à 39 ap. JC., fit mourir saint Jean-Baptiste pour plaire à sa femme Hérodiade. Jésus parut devant lui.
    - Hérode Agrippa I", petit-fils d'Hérode le Grand, père de Bérénice, roi de Judée de 37 à 44, fit emprisonner saint Pierre.
    - Hérode Agrippa II (28-92?), roi de Judée de 52 à 68, vécut à Rome après la prise de Jérusalem.
    Hérode Atticus (101-177), né à Marathon; rhéteur grec, maître de Marc-Aurèle. Fit bâtir à Athènes le théâtre dit Odéon d'Hérode Atticus.
    - Hérodiade ou Hérodias, petite-fille d'Hérode le Grand, épousa son beau-frére, Hérode Antipas, de qui elle obtint, grâce aux danses de sa fille Salomé, la mort de Saint Jean-Baptiste qui lui avait reproché son union incestueuse.

    - Hérodote (484-425 env. av. J.-C.), né à Halicarnasse, historien grec, surnommé le Père de l' Histoire. Son œuvre, l'Enquête ou les Histoires, expose l'histoire et les mœurs des habitants des différents pays connus du bassin méditerranéen qu'il visita, ainsi que l'histoire des relations des Grecs et des Barbares jusqu'à la fin (479) des Guerres médiques.
    - Dictionnaire Quillet-Flammarion encyclopédique; Paris 1956

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    Gamme Majeure
          1952

    La forêt a dix-huit ans
    Chante pinson cause ajasse
    Qui gazouille qui jacasse
    Dix huit matins de printemps

    Sous un bouleau qui bourgeonne
    Père Corbeau qui bougonne
    Le vieux goupil languissant
    S'en vient tout reverdissant

    La forêt a dix-huit ans
    Chante fauvette ou bécasse
    Qui pépie et qui croasse
    Dix huit matins de printemps

    Sous un bouleau qui fleuronne
    Pour sylvette qui chantonne
    Un vieux renard languissant
    Se sent tout reverdissant


          Christian Jodon
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    Comme la gamine Mélusine, il sortit un papier froissé, promettant que quiconque reconnaîtrait quel écrivain classique avait servi de canevas pour son poème aurait une récompense. Laquelle, sortie du sac, s'avéra n'être qu'un modeste livre de poche, mais la perle n'est-elle pas la culture qui s'y cache?

    La Forte En T'Aime

    Hommage du Musagète à sa muse Erato
    Deux gouttes d'eau sur un poème...

    Ecoutez la chanson bien douce
    Elle est belle, elle est éphémère
    Qui ne pleure que pour te plaire
    Une larme sur ta frimousse
    Elle est discrète, elle est légère
    Au milieu de tes taches rousses
    Nectar subtil et douce-amère
    Un frisson d'eau sur de la mousse

    Une larme sur un poème
    Ecoutez la chanson bien douce
    Que dit ta lèvre forte en thème
    Un frisson d'eau sur de la mousse
    Qui ne chante que pour te plaire
    Chante pour toi ma " Forte-En-Thème "
    Elle est discrète, elle est légère
    C'est pour toi ma " Forte-En-Je-T'Aime "

    Ecolière
    © Christian Jodon
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    Extrait de « La Forte En T'Aime », roman: Cliquez pour y aller: ici


    — Et maintenant, dit le président, qui a-t-il trouvé le poète que j'ai parodié? Personne ? et il faisait mine de ranger son bouquin. Mais Nathalia s'était rapprochée de lui et, portant sa main vers la bouche du prof, elle lui coupa la parole en disant: « Eh bien, maintenant, rendons à Paul ce qui est à Verlaine !» Alors, dans la clairière aux Endymions, près du menhir, comme le ciel se couvrait à peine et voilait un soleil déclinant, la voix de la jeune fille s'éleva pour prononcer les vers du Prince des Poètes. C'était magique comme une aria de Bellini et les enfants restaient bouche bée, comme retournés dans l'instant aux temps des coupeurs de gui.

    Écoutez la chanson bien douce
    Qui ne pleure que pour vous plaire.
    Elle est discrète, elle est légère :
    Un frisson d'eau sur de la mousse !

    La voix vous fut connue (et chère !),
    Mais à présent elle est voilée
    Comme une veuve désolée,
    Pourtant comme elle encore fière,

    Et dans les longs plis de son voile
    Qui palpite aux brises d'automne,
    Cache et montre au coeur qui s'étonne
    La vérité comme une étoile.

    Elle dit, la voix reconnue,
    Que la bonté c'est notre vie,
    Que de la haine et de l'envie
    Rien ne reste, la mort venue.

    Elle parle aussi de la gloire
    D'être simple sans plus attendre,
    Et de noces d'or et du tendre
    Bonheur d'une paix sans victoire.

    Accueillez la voix qui persiste
    Dans son naïf épithalame.
    Allez, rien n'est meilleur à l'âme
    Que de faire une âme moins triste !

    Elle est en peine et de passage,
    L'âme qui souffre sans colère,
    Et comme sa morale est claire !...
    Écoutez la chanson bien sage.


    Paul Verlaine (1844-1896)

    Le moment était exceptionnel où le temps fut comme suspendu... Captifs des intonations qu'une Erato-mezzo, soulevée par l'atmosphère du lieu, avait trouvées comme la Norma druidique psalmodiant sa supplique de paix à la Lune:
    « Casta Diva... Spargi in terra quella pace... Che regnar tu fai nel Ciel... »
    « Chaste Déesse... Répands sur la Terre cette paix... Que tu fais régner au ciel... »
    Les enfants restèrent muets pendant quelques minutes.
    Il fallait rentrer et l'on quitta le Jardin courtois encore sous l'emprise du charme.

    - Écouter Maria Callas interpréter «Norma: Casta Diva» en 1958
    - Casta Diva par Ariane Douguet
    - Casta Diva par Cecilia Bartoli
    - Casta Diva: autre version de Callas
    - Casta Diva par Montserrat Caballé
    - Montserrat Caballe "Casta diva" Norma Orange 1974
    - Jusqu'en Chine: Casta Diva par Sophie Zakir

    Les paroles de Casta Diva...
    Chaste déesse
    Casta Diva, che inargenti
    Chaste déesse, qui argentes
    Queste sacre queste sacre, queste sacre antiche piante
    Ces antiques, ces antiques, ... Ces antiques feuillages sacrés
    A noi volgi il bel sembiante;
    Tourne vers nous ton beau visage
    A noi volgi,
    a noi volgi il bel sembiante,
    il bel sembiante

    Chorus:
    Casta Diva
    Senza nube e senza vel!
    Sans nuage et sans voile
    Tempra tu de cori ardenti!Tempra ancor lo zelo andace!
    Modère le zèle, modère le zèle audacieux
    Spargi in terra quella pace,
    Répands sur cette Terre cette paix
    Che regnar tu fai nel Ciel.
    Que tu fais régner au ciel

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    L'Homme nouveau, c'est pour quand ?


    « La lutte des classes n'est pas une théorie marxiste,
    c'est un fait, un fait essentiel de l'humanité ... »2



    Il y a les ambitieux, les puissants, les caïds, les costauds, les parrains...
    Les forts en thème, les a+, les X, les Y, ceux qui sortent de ci, qui sortent de çà...

    Les “d'la cuisse de Jupiter”
    Les technocrates, les pecnocrates...
    Les entreprenants, les entrepreneurs, les commerçants, les Jacques Cœur...
    Les grands prélats, ceux qui se prélassent, les grands saigneurs...
    Les grands capitaines de coup de Trafalgar, ceux de la casbah d'Alger
    Capitaines de gégène; capitaines d'industrie...
    Les barons d'empire; ceux de la métallurgie...
    Les grands bourgeois, les grands capitalistes...
    Les glorieux, les arrogants... Les forts, quoi...


    Ceux-là ne sont pas près d'abandonner leur superbe ! Ils sacrifieront jusqu'à la dernière goutte du sang de leurs "boys" pour défendre leurs privilèges, leur "way of life”, leurs "stock-options", leur "parachute en or". Dans une société construite autour de "leur" liberté, de "leur" démocratie, de "leur" libéralisme, de "leur" capitalisme, de "leur" cannibalisme.  Autour de "leur" nombril...

    Et puis, à côté de la caste des "winners", il y a la l’immense file des perdants. La première espèce ne saurait exister sans la seconde puisqu'elles se définissent mutuellement par leur lien dialectique: chacune n'existant que par son contraire.

    Les faibles, les battus, les cocus de l'Histoire...
    Les pouilleux, les hilotes, les hideux, les intouchables et les parias...
    L'innombrable, l'éternelle cohorte des esclaves sans espoir...
    Le réservoir de serfs, de manants taillables et corvéables à merci...
    Reproductibles à l'infini...
    Avec leurs combines, leur "système D", leurs compromissions...
    Avec leur servitude volontaire, avec leur soumission...
    Avec leur servilité, leur obséquiosité, leurs courbettes, leur docilité...
    Avec leurs frustrations, leurs dénonciations, leur trahison de tous les Spartacus, de tous les Christs, de tous les Juifs, de tous les Résistants, de tous les Communistes, de tous les non-violents de l’histoire...
    Paraîtrait même qu'il y en a qui dénoncent le RMIste du coin ! Les bricoleurs !
    "Salauds de pauvres !" disait Gabin dans la "Traversée de Paris"... (3)


    Les "loosers"! Les Bêta-Moins, Les "Epsilon semi-avortons"...
    Avec leurs désespoirs, avec leurs chants d'espoir...
    Ceux-ci ne sont pas près d'abandonner leur rêve. Ceux-là ne sont pas près de jeter aux orties leur envie de se sacrifier à la construction d'une société égalitaire, équitable, juste et fraternelle. Ils se battront jusqu'à la nuit des temps pour défendre "la liberté", "l’égalité", le socialisme ou le communisme et "la fraternité"...

    Avec leur désespoir. Avec leur abnégation; avec leur indéniable dévouement; leur grandiose esprit de sacrifice. Avec leurs six millions de morts de l’Armée Rouge, leurs 26 millions de soviétiques sacrifiés par l'agression "Barbarossa"! Avec leur Léningrad, leur Stalingrad sans quoi le grand Reich de mille ans nous aurait ôté pour longtemps le goût de critiquer les maîtres de ce monde...

    "Les maîtres avec leurs prêtres, leurs traîtres et leur reîtres”...(1)
    Les voilà les loosers... avides d'égalitarisme
    Avec “Le Che”, avec son espoir éperdu dans l'avènement de "l'Homme nouveau"...
    C'est pour quand l'Homme nouveau ?
    Nous l'attendons...

    « Avec les saisons
     Avec les années
     Avec les jolies filles et avec les vieux cons
     Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.» (1)

         (1) de Jacques Prevert: "Pater Noster"


    Christian Jodon
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    (2) Et: « Ce n'est pas le révolté qui est dans l'erreur, c'est celui qui ne se révolterait pas. »
    Non ! C'est pas de Marx, pas d'Engels, pas du Che... C'est de Paul Chauchard, savant biologiste et philosophe chrétien.

    3.- Salauds de Pauvres (sic) - Société - Points d'actu. Bel article sur "La pauvreté au fil des siècles" à la Bibliothèque municipale de Lyon:
    Cliquez ici (ou utilisez l'URL ci-dessous)
    http://www.pointsdactu.org/article.php3?id_article=1244
    29 oct 2008 ... Classes laborieuses et classes dangereuses, par Louis CHEVALIER, Tempus .... Si le quotidien et la situation des pauvres évoluent au fil des ...

    4.- Ce texte peut être téléchargé dans différents formats: "L'Homme nouveau, c'est pour quand ?"
    - Format .RTF Rich Text Format
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    - Format .PDF d'Adobe Acrobat
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    Le Trou Noir à Bisous
          1955

    Ô mon amour ma belle étoile
    Qui es mon trou noir à bisou
    Plus je m'enchevêtre en tes toiles
    Plus je te baise comme un fou

    Trou-Bisous Trou-Si-Doux
    Le Trou Noir de ton cou

    Ô l'attraction newtonienne
    Qui m'aspire au creux de ton cou
    Dans tes prisons aranéennes
    Et le flot de tes cheveux flous

    Le Trou Noir de ton cou
    Trou-Bisous Trou-Si-Doux

    Ô ta nuque fragile et tendre
    Où j'ai guetté le Trou-Bisous
    Sans oser jamais y surprendre
    Un larcin cependant Si-Doux

          Christian Jodon - 1955
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    Jean Ferrat, "Jean la Voix"

    Et maintenant frérot que serai-je sans toi ?
    Nos parallèles vies se croisent en poussière
    Ta vie des années trente et moi de trente-trois
    Moi fils de prisonnier, toi privé de ton père ?

      Jean l'Espoir, Jean mon frère
      Jean la Foi, Jean la Joie
      Jean la Terre, Jean Colère
         Jean la Voix

    Et maintenant frérot que serons nous sans toi
    Que ta voix jamais plus ne criera nos colères
    Ou l'amour ni la joie, mais qu'à jamais ta foi
    Dira sa rhétorique aux fleurs de cimetière

      Jean l'Espoir, Jean Colère
      Jean la Foi, Jean la Joie
      Jean la Terre, Jean mon frère
         Jean la Voix

    Et maintenant les Hommes ils seront quoi sans toi
    S'assoupir ne se peut sans le chant d'un grand frère
    Aux graves harmoniques, à la paisible voix
    Qui rassure l'enfant des terreurs de la guerre

      Jean l'Espoir, Jean la Terre
      Jean la Foi, Jean la Joie
      Jean Colère, Jean mon frère
      Jean la Voix…
          Jean Ferrat

          © Christian Jodon, 16 mars 2010
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    Jean Ferrat

    L'auteur de "La Montagne" est décédé samedi 13 mars 2010, à l'âge de 79 ans.
    Jean Ferrat était discrètement retiré à Antraigues (Ardèche) depuis environ quarante ans. Il est décédé à l'hôpital d'Aubenas. Il est l'auteur de "Nuit et brouillard", cette chanson qu'il a dédiée à son père mort en déportation ( le vrai nom de Jean Ferrat est Tenenbaum ). Dans une émission de Michel Drucker (merci à celui-ci d'avoir été un des rares hommes de télé à nous avoir présenté Jean la Voix), Jean Tenebaum a expliqué qu'il avait trouvé son nom d'affiche sur une géographie de la France: le "Cap Ferrat".



    Une autre belle voix: Jean Medelgi (You Tube)
    "Heureux celui qui meurt d'aimer" Louis Aragon
    Paroles de ce poème d'Aragon

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    Ô les demains qui chantent

    Ô les hiers de foi que tu croyais toujours
    En notre France à nous, celle de Robespierre
    Et de l'égalité conquise par nos pères
    Et les toujours d'espoir qu'on espérait d'amour…

        Jean la Foi, Jean l'Espoir

    Ô les demains qui chantent et ne chanteront plus
    Faudra-t-il en pleurer, nous faudrait-il en rire
    Et les jadis encor nous ramenant le pire
    Les jamais sans tes chants qui ne reviendront plus

        Jean la Voix, Jean Ferrat

    Ô les bientôts sans joie que nos vies parallèles
    Se croiseront au ras des fleurs de cimetière
    Et les demains sans foi que tes justes colères
    Cesseront de mêler ta basse aux chanterelles
       Jean la Terre, Jean mon Frère

        Jean Ferrat, Jean La Voix

          © Christian Jodon, 21 mars 2010
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    Rem:
    Demain, hier, jadis > adv et substantifs masc; pas de pb
    Bientôt, toujours, jamais > adv : licence poétique





    "Tu aurais pu vivre encore un peu" (You Tube)
    « — Tu parles pour toi, Jean la Voix ? »
    Vidéo Supprimée…
    URL: Paroles de ce poème de Jean Ferrat
    URL: Liste des magasins vendant des chansons par le Net
    Daily Motion Playlist des vidéos
    You Tube Playlist des vidéos
    La page de musique du Figaro lors du décès de Jean Ferrat

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     Premiers Printemps
    


    Jolie perle, m'en vais te chatonner mâtine...
    Bergère ne sors point encor tes blancs moutons
    Tant j'aimerais fleuron te chatouiller matine
    Lorsque le perce-neige a point ses blancs boutons

    Ne chantons pas autant qu'il faudra que l'on gère
    Allons casser la glace et jouer au bûcheron
    Devant un feu gourmand la rigueur des congères
    Alors qu'auprès de l'âtre un chat se musse en rond

    Jolie pierre, m'en vais te chatonner mâtine...
    Il faut nourrir encor le merle tremblotant
    Tant j'aimerais fleuron te chatouiller matine
    Il faut attendre encor que chante le bruant

    © Christian Jodon

    "Poèmes Populaires, La Forte En T'Aime"
    © Utilisation avec mention des deux lignes ci-dessus. Merci

    Notes:
    - chaton: Partie de la bague dans laquelle la pierre est enchâssée; p. méton., pierre montée en chaton; dérivé: chatonner: monter une pierre précieuse dans son chaton.
    - matine: normalement "matines"; Jean Toulet écrit: "Temps n'est plus ni printemps de te chanter matine (Toulet, Contrerimes, 1920, p.146)." (signalé dans le disctionnaire de l'Atilf). Lien:

    — Atilf, le bon dico du Net

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     Stances pour un Marque-Page

    Gerardmer

    13 mars 1996 / 13 mars 2011

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    Les "clous" du Poloclo



    Mes2tendrons

    À mes fils chéris: Poloclo et Toto
    À Mathé qui mes les a faits…

    Bonheur passé
    Bonheur perdu
    Comme elle est triste
    Aux cœurs fendus
    La nostalgie
    Des jours aimés

    Là-haut sur la colline
    Heureuse de Guitry
    J'ai conduit la mimine
    Au Poloclo gentil

    Vers un joli sablon
    «Papa, cercer les "clous"!»
    Gazouillait le mignon
    Ne sachant que dessous

    Se cache le poignard
    Des dents d'un grand boucher
    Qui du poupon mignard
    N'eût fait qu'une bouchée…

    Le Temps est un requin
    Surgi du vaste abîme
    Jamais ne fut quelqu'un (1)
    Qui n'y paya sa dîme…

    Ecrasant souvenir
    Qui ne reviendra pas
    C'est comme d'un mourir
    Qui n'en finirait pas…

    Bonheur passé
    Bonheur perdu
    Comme elle est triste
    Aux cœurs perdus
    La nostalgie
    Des jours aimés

    La poésie est une chanson qui aide à supporter l'insupportable…
    Christian Jodon; "Poèmes Populaires" (fr)110811

    (1) Var. Et jà ne soit quelqu'un
    Qui n'y paiera sa dîme
    Histoire de ressusciter un mot de Français qui meurt…



    © Christian Jodon; Reproduction autorisée avec la mention:
    "© Christian Jodon - SGDL, 28 mai 1982; http://www.sos-valdysieux.fr "

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    Liste des Poèmes de Christian Jodon

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    L'Atelier
    « Ouvert »

    Liste des Poèmes de l'Atelier d'Artistes

    La Naissance de Vénus.
    Christian Jodon

    Quelqu'un a dit: "Comme la Terre serait belle s'il n'y avait pas les Hommes!". Pourtant, la beauté n'existe pas sans un sujet "ressentant". Hors de l'Homme, point de beauté.
    Pendant des millions et des millions d'années, le "Singe nu" a vécu dans la savane arborée. L'évolution a sélectionné, dans son génome, ceux des chromosomes les mieux adaptés à son environnement. Ainsi faisant, elle a imprimé aux tréfonds de l'être la mémoire du paysage natal.
    Désormais trop nombreux, l'homme vit cloîtré dans ses villes. "Les villes qui puent de l'homme blanc", disait Chef Seattle... Il y devient malheureux, désadapté, inquiet et criminel. Lorsqu'il retrouve, dans la nature, un petit coin de savane native au travers d'un bocage, ceux de ses chromosomes qui, dans le béton urbain, étaient devenus désadaptés, non-fonctionnels, se prennent à se tortiller de plaisir. L'être vibre tout entier. L'âme résonne à l'unisson de l'environnement. C'est la Joie! Alors naît de cette coaptation fonctionnelle de l'homme et de son milieu préféré le sentiment de la beauté. L'esthétique est née au coeur d'un homme vibrant en harmonie avec la savane natale.
    Mozart est un chant d'oiseau. Mozart tire-cire dans le vent, grisolle par-dessus les torrents, turlute au-travers des ramilles des peupliers.
    Le grand Platon, et Sigmund, avaient bien vu que la beauté naît du spectacle de l'être désiré, de l'objet sexuel idéal; mais il fallait vivre au sein des banlieues du vingtième siècle pour sentir à quel point cet objet sexuel n'était que l'un des éléments du paysage.

    L'origine du Beau chez Platon, Freud et d'autres...
    	
    Question: existerait-il deux sous-espèces humaines, l'une post-néanderthalienne, l'autre post-cromagnonienne? 
    Je les nommerai: "Simius poubellivorus" et "Homo philosophicus". Où est la fourche ? Où est la bifurcation qui fait que là où les écolos s'éreintent à faire classer un site protégé pour ce qu'il en reste de naturel, d'autres le polluent comme à plaisir? Où est le "chaînon manquant" ? Cherchez pas: au fond de sa poubelle, bien au chaud, bien replié sur lui-même...

    Chemin de la Cote 138 à la Goulette

    Chemin de la Cote 138 au Bois de la Goulette; le 27 avril 2009...

    Dans la caverne de PLATON.

    L'âme est formée de trois "puissances": le noûs, le thumos et l'epithumia. En gros: la tête, le cœur et la tripaille. Plus châtié: l'intellectualité, le courage et les passions.
    Ainsi l'humanité du XXIème siècle progresse-t-elle dans la technique d'Hiroshima chère à Démocrite, cependant que c'est toujours vers le IVème siècle avant Jésus qu'il faut aller se faire voir chez les Grecs, à Athènes, pour trouver l'initiateur des philosophies qui ne sont toutes, aujourd'hui, que des "commentaires gribouillés en bas d'une page de Platon" (-427/-346 avt JC; Athènes).

    Certaines cités toléraient la bisexualité; telle Athènes. La femme y était considérée mais surtout comme génitrice de "gardiens de la Cité". Aimer la femme était une obligation civile envers la République portée par de solides bras masculins. L'amour considéré par Platon est l'amour "socratique" du philosophe adulte pour le beau jeune homme Achille, l'aimé de Patrocle...
    « Achille était plus beau non-seulement que Patrocle, mais que tous les autres héros. Il était encore sans barbe et beaucoup plus jeune, comme dit Homère ». (Discours de Phèdre ds le "Banquet" de Platon). C'est ainsi de l'amour - réciproque - de Socrate pour le superbe Alcibiade.
    Mais cet amour pédérastique resterait méprisable s'il n'intéressait que "l'epithumia"; il ne saurait persister dignement que si le philosophe adulte découvrait, en grattant ce bas-morceau de l'âme, une valeur vraie telle que le courage au combat, la force, la colère... Bref, pas d'avenir amoureux si le manteau de l'epithumia ne découvre en s'entr'ouvrant, la tunique pourpre du "thumos": le cœur, le courage. Ayant dévoilé ce gage de volonté d'enrichissement intellectuel et moral chez le jeune homme, le silène philosophe peut alors, en toute respectabilité, devenir "l'amant" du jeune "aimé". Ainsi consacrera-t-il sa vie, dans la fidélité, à enseigner "l'aimé" pour éduquer la plus belle puissance de son âme: le "noûs" dit aussi "logismos", autrement dit: l'esprit rationnel.
    Il en résulte une sorte de "sublimation" progressive cheminant du Beau physique des corps au Beau philosophique de la raison, en passant par le Beau moral du cœur. Le Beau est bien né de la contemplation de "l'objet sexuel idéal" sans que l'expression, moderne, soit prononcée.
    Par contre, le mot "sublime" est dit: «... il ne sera plus enchaîné comme un esclave dans l'étroit amour de la beauté d'un jeune garçon, d'un homme ou d'une seule action ; mais, lancé sur l'océan de la beauté, et repaissant ses yeux de ce spectacle, il enfantera avec une inépuisable fécondité les discours et les pensées les plus magnifiques de la philosophie, jusqu'à ce qu'ayant affermi et agrandi son esprit par cette sublime contemplation, il n'aperçoive plus qu'une science, celle du beau.»

    Extrait: "Le BANQUET" de Platon: Discours de Socrate.

    Dans le "Banquet", Platon donne la parole à Socrate qui s'empresse de se décharger -mais en vain, comme on sait- de la responsabilité de ses idées -mortellement subversives- sur le dos de Diotime, femme de Mantinée...
    "Ce n'est pas sans raison qu'il parle le dernier : évidemment il est l'interprète direct de Platon ; et c'est expressément dans son discours qu'il faut chercher la théorie platonicienne." Site à consulter, c'est encore mieux dit que chez moi: Site mediterranees.net

    Autre site où lire le "Banquet":
    Le Banquet

    Importation du "Malaise dans la Civilisation" en fichier .PDF:
    Malaise dans la Civilisation

    Discours de Socrate.

    « Mais je te laisse, [Agathon] pour en venir au discours que me tint un jour une femme de Mantinée, Diotime. Elle était savante sur tout ce qui concerne l'Amour et sur beaucoup d'autres choses. (...) Je tiens d'elle tout ce que je sais sur l'Amour. Je vais essayer de vous rapporter de mon mieux, d'après les principes dont nous venons de convenir, Agathon et moi, l'entretien que j'eus avec elle (...).
    ... (Diotime parle par la voix de Socrate:)
    Mais pour cette immortalité de la vertu, pour cette noble gloire, il n'est rien, je crois, que chacun ne fasse avec d'autant plus d'ardeur qu'il est plus vertueux, car tous ont l'amour de ce qui est immortel. Ceux donc qui sont féconds selon le corps aiment les femmes, et se tournent de préférence vers elles, croyant s'assurer, par la procréation des enfants, l'immortalité, la perpétuité de leur nom et le bonheur, à ce qu'ils s'imaginent, dans la suite des temps. Mais ceux qui sont féconds selon l'esprit..., car il en est qui sont encore plus féconds d'esprit que de corps, pour les choses qu'il appartient à l'esprit de produire. Or qu'appartient-il à l'esprit de produire ? La sagesse et les autres vertus qui sont nées des poètes et de tous les artistes doués du génie de l'invention. Mais la sagesse la plus haute et la plus belle est celle qui préside au gouvernement des Etats et des familles humaines : on l'appelle prudence et justice. Quand donc un mortel divin porte en son âme, dès l'enfance, le germe de ces vertus, et que, parvenu à la maturité de l'âge, il désire produire et engendrer, il va aussi çà et là cherchant la beauté dans laquelle il pourra engendrer, car jamais il ne le pourrait dans la laideur. Dans l'ardeur de produire, il s'attache donc aux beaux corps de préférence aux laids ; et, s'il rencontre dans un beau corps une âme belle, généreuse et bien née, cette réunion lui plaît souverainement.
    Auprès d'un tel homme, il abonde aussitôt en discours sur la vertu, sur les devoirs et les occupations de l'homme de bien, et il s'applique à l'instruire ; car le contact et le commerce de la beauté lui font engendrer et produire ce dont il portait le germe. Absent ou présent, il pense toujours à son bien-aimé ; et ils nourrissent en commun les fruits de leur union. Aussi le lien et l'affection qui les attachent l'un à l'autre sont-ils bien plus intimes et bien plus forts que ceux de la famille, parce que leurs enfants sont plus beaux et plus imortels. Et il n'est personne qui ne préfère de tels enfants à toute autre postérité, s'il considère et admire les productions qu'Homère, Hésiode et les autres poètes ont laissées d'eux, la renommée et la mémoire immortelle que ces immortels enfants ont acquise à leurs pères ; (...) De tels enfants leur ont valu des temples, mais nulle part les enfants du corps n'en ont valu à personne.

    Peut-être, Socrate, suis-je parvenue à t'initier jusque-là aux mystères de l'Amour ; mais quant au dernier degré de l'initiation et aux révélations les plus secrètes, auxquelles tout ce que je viens de dire n'est qu'une préparation, je ne sais si, même bien dirigé, ton esprit pourrait s'élever jusqu'à elles. Je n'en continuerai pas moins, sans rien ralentir de mon zèle. Tâche de me suivre le mieux que tu pourras.

    Celui qui veut atteindre à ce but par la vraie voie doit, dès son jeune âge, commencer par rechercher les beaux corps. Il doit, en outre, s'il est bien dirigé, n'en aimer qu'un seul, et dans celui qu'il aura choisi engendrer de beaux discours. Ensuite, il doit arriver à comprendre que la beauté qui se trouve dans un corps quelconque est soeur de la beauté qui se trouve dans tous les autres. En effet, s'il faut rechercher la beauté en général, ce serait une grande folie de ne pas croire que la beauté qui réside dans tous les corps est une et identique. Une fois pénétré de cette pensée, notre homme doit se montrer l'amant de tous les beaux corps et dépouiller, comme une petitesse méprisable, toute passion qui se concentrerait sur un seul. Après cela, il doit regarder la beauté de l'âme comme plus précieuse que celle du corps ; en sorte qu'une belle âme, même dans un corps dépourvu d'agréments, suffise pour attirer son amour et ses soins, et pour lui faire engendrer en elle les discours les plus propres à rendre la jeunesse meilleure. Par là il sera nécessairement amené à contempler la beauté qui se trouve dans les actions des hommes et dans les lois, à voir que cette beauté est partout identique à elle-même, et conséquemment à faire peu de cas de la beauté corporelle. Des actions des hommes il devra passer aux sciences, pour en contempler la beauté ; et alors, ayant une vue plus large du beau, il ne sera plus enchaîné comme un esclave dans l'étroit amour de la beauté d'un jeune garçon, d'un homme ou d'une seule action ; mais, lancé sur l'océan de la beauté, et repaissant ses yeux de ce spectacle, il enfantera avec une inépuisable fécondité les discours et les pensées les plus magnifiques de la philosophie, jusqu'à ce qu'ayant affermi et agrandi son esprit par cette sublime contemplation, il n'aperçoive plus qu'une science, celle du beau.

    Prête-moi maintenant, Socrate, toute l'attention dont tu es capable. Celui qui, dans les mystères de l'Amour, se sera élevé jusqu'au point où nous en sommes, après avoir parcouru dans l'ordre convenable tous les degrés du beau, parvenu enfin au terme de l'initiation, apercevra tout à coup une beauté merveilleuse, celle, ô Socrate ! qui était le but de tous ses travaux antérieurs : beauté éternelle, incréée et impérissable, exempte d'accroissement et de diminution, beauté qui n'est point belle en telle partie et laide en telle autre, belle seulement en tel temps et non en tel autre, belle sous un rapport et laide sous un autre, belle en tel lieu et laide en tel autre, belle pour ceux-ci et laide pour ceux-là ; beauté qui n'a rien de sensible comme un visage, des mains, ni rien de corporel, qui n'est pas non plus tel discours ou telle science, qui ne réside pas dans un être différent d'elle-même, dans un animal, par exemple, ou dans la terre, ou dans le ciel, ou dans toute autre chose ; mais qui existe éternellement et absolument par elle-même et en elle-même ; de laquelle participent toutes les autres beautés, sans que leur naissance ou leur destruction lui apporte la moindre diminution ou le moindre accroissement, ni la modifie en quoi que ce soit.

    Quand, des beautés inférieures on s'est élevé, par un amour bien entendu des jeunes gens, jusqu'à cette beauté parfaite, et qu'on commence à l'entrevoir, on touche presqu'au but ; car le droit chemin de l'Amour, qu'on le suive de soi-même ou qu'on soit guidé par un autre, c'est de commencer par les beautés d'ici-bas, et de s'élever jusqu'à la beauté suprême, en passant, pour ainsi dire, par tous les degrés de l'échelle, d'un seul beau corps à deux, de deux à tous les autres, des beaux corps aux belles occupations, des belles occupations aux belles sciences, jusqu'à ce que de science en science on parvienne à la science par excellence, qui n'est autre que la science du beau lui-même, et qu'on finisse par le connaître tel qu'il est en soi. O mon cher Socrate, poursuivit l'étrangère de Mantinée, si quelque chose donne du prix à cette vie, c'est la contemplation de la beauté absolue : ...

     et, si tu y parviens jamais, que te sembleront auprès d'elle l'or et la parure, les beaux enfants et les beaux jeunes gens, dont la vue maintenant te trouble et te charme à un tel point, toi et beaucoup d'autres, que, pour voir sans cesse ceux que vous aimez, pour être sans cesse avec eux, si cela était possible, vous seriez prêts à vous priver de boire et de manger, et à passer votre vie dans leur commerce et leur contemplation ! Que penser d'un mortel à qui il serait donné de contempler la beauté pure, simple, sans mélange, non revêtue de chairs et de couleurs humaines et de toutes les autres vanités périssables, mais la beauté divine elle-même ? Penses-tu que ce serait une destinée misérable que d'avoir les regards fixés sur elle, que de jouir de la contemplation et du commerce d'un pareil objet ? Ne crois-tu pas, au contraire, que cet homme, étant le seul ici-bas qui perçoive le beau par l'organe auquel le beau est perceptible, pourra seul engendrer, non pas des images de vertu, puisqu'il ne s'attache pas à des images, mais des vertus véritables, puisque c'est à la vérité qu'il s'attache ? Or, c'est à celui qui enfante et nourrit la véritable vertu qu'il appartient d'être chéri de Dieu ; et si quelque homme doit être immortel, c'est celui-là surtout».


    Le Bois Alix, vue sur le Val d'Ysieux, le 27 avril 2009.

    Le Bois Alix, vue sur le Val d'Ysieux, le 27 avril 2009.

    Le Grand Sigmund: "Malaise dans la Civilisation" de Sigmund Freud.

    Editeur: PUF Presses Universitaires de France, Bibliothèque de Psychanalyse; 2004, ISBN 213054701X

    «L'on peut encore inclure un cas intéressant ; à savoir la recherche prédominante du bonheur dans les jouissances qu'inspire la beauté, en quelque lieu que celle-ci frappe nos sens ou notre esprit ; beauté des formes et des gestes humains, des objets naturels et des paysages, des créations artistiques et même scientifiques. Cette attitude esthétique prise comme but de la vie protège faiblement contre les maux qui nous menacent, mais nous dédommage de bien des choses. La jouissance esthétique en tant qu'émotion légèrement enivrante a un caractère particulier. Le côté utilitaire de la beauté n'apparaît pas clairement; on ne discerne pas qu'elle soit nécessaire à la civilisation, et celle-ci pourtant ne saurait s'en passer. La science de l'esthétique étudie les conditions dans lesquelles on ressent le « beau », mais elle n'a pu apporter aucun éclaircissement sur la nature et l'origine de la beauté ; et comme il advient toujours dans ce cas, elle s'est abondamment dépensée en phrases aussi creuses que sonores destinées à masquer l'absence de résultats. Malheureusement, c'est sur la beauté que la psychanalyse a le moins à nous dire. Un seul point semble certain, c'est que l'émotion esthétique dérive de la sphère des sensations sexuelles ; elle serait un exemple typique de tendance inhibée quant au but. Primitivement la « beauté » et le «charme sont des attributs de l'objet sexuel. »
    ...
    «Le moment est venu de considérer l’essence de cette civilisation dont la valeur, en tant que dispensatrice du bonheur, a été révoquée en dote. Nous n’allons pas exiger une formule qui la définisse en peu de mots avant même d’avoir tiré de son examen quelque clarté. Il nous suffira de redire que le terme de civilisation désigne la totalité des oeuvres et organisations dont l’institution nous éloigne de l’état animal de nos ancêtres et qui servent à deux fins : la protection de l’homme contre la nature et la réglementation des relations des hommes entre eux. Pour plus de clarté nous examinerons l’un après l’autre les traits de la civilisation tels qu’ils apparaissent dans les collectivités humaines. Nous nous laisserons guider sans réserve au cours de cet examen par le langage usuel ou, comme on dit aussi, par le " sentiment linguistique ", certain en cela de faire droit à ces intuitions profondes qui se refusent aujourd’hui encore à toute traduction en mots abstraits.

    L’entrée en matière est aisée, nous admettons comme civilisées toutes les activités et valeurs utiles à l’homme pour assujettir la terre à son service et pour se protéger contre la puissance des forces de la nature : c’est l’aspect de la civilisation le moins douteux. Afin de remonter assez haut, nous citerons à titre de premiers faits culturels l’emploi d’outils, la domestication du feu, la construction d’habitations. Parmi ces faits, le second s’arroge une place éminente en tant que conquête tout à fait extraordinaire et sans précédent. Les autres ouvrirent à l’homme une voie dans laquelle depuis lors il s’est engagé toujours plus avant, et les mobiles qui l’y poussaient sont d’ailleurs faciles à deviner. Grâce à tous ses instruments, l’homme perfectionne ses organes - moteurs aussi bien que sensoriels -, ou bien élargit considérablement les limites de leurs pouvoir. Les machines à moteur le munissent de forces gigantesques aussi faciles à diriger à son gré que celles de ses muscles ; grâce au navire et à l’avion, ni l’eau ni l’air ne peuvent entraver ses déplacements. Avec les lunettes, il corrige les défauts des lentilles de ses yeux ; le télescope lui permet de voir à d’immenses distances, et le microscope de dépasser les limites étroites assignées à sa vision par la structure de sa rétine. Avec l’appareil photographique, il s’est assuré un instrument qui fixe les apparences fugitives, le disque du gramophone lui rend le même service quant aux impressions sonores éphémères ; et ces deux appareils ne sont au fond que des matérialisation de la faculté qui lui a été donnée de se souvenir, autrement dit de sa mémoire. A l’aide du téléphone, il entend loin, à des distances que les contes eux-mêmes respecteraient comme infranchissables. A l’origine, l’écriture était le langage de l’absent, la maison d’habitation le substitut du corps maternel, cette toute première demeure dont la nostalgie persiste probablement toujours, ou l’on était en sécurité et ou l’on se sentait si bien.

    On dirait un conte de fées ! Et cependant, elles sont la réalisation directe de tous - non, de la plupart - des souhaits forgés dans les contes, ces oeuvres dont grâce à sa science et à sa technique l’homme a su enrichir cette terre où il est apparu tout d’abord comme une chétive créature proche de l’animal, où chaque rejeton de sa race doit encore faire son entrée à l’état de nourrisson totalement impuissant - O inch of nature ! Et l’homme peut à bon droit les considérer comme des conquêtes de la civilisation. Il s’était depuis longtemps fait un idéal de la toute-puissance et de l’omniscience, et il l’incarnait en ses dieux. Il leur attribuait tout ce qui lui demeurait inaccessible, ou lui était interdit. On peut dire que ces divinités étaient des " idéals culturels ". Maintenant qu’il s’est considérablement rapproché de cet idéal, il est devenu lui-même presque un dieu. Mais seulement, en vérité, à la manière dont les humains savent en général atteindre à leurs types de perfection, c’est-à-dire incomplètement : sur certains points pas du tout, sur d’autres à moitié. L’homme est devenu pour ainsi dire une sorte de " dieu prothétique ", dieu certes admirable s’il revêt tous ses organes auxiliaires, mais ceux-ci n’ont pas poussé avec lui et lui donnent souvent bien du mal. Au reste, il est en droit de se consoler à l’idée que cette évolution ne prendra précisément pas fin avec l’an de grâce 1930. L’avenir lointain nous apportera, dans ce domaine de la civilisation, des progrès nouveaux et considérables, vraisemblablement d’une importance impossible à prévoir ; ils accentueront toujours plus les traits divins de l’homme. Dans l’intérêt de notre étude, nous ne voulons toutefois point oublier que, pour semblable qu’il soit à un dieu, l’homme d’aujourd’hui ne se sent pas heureux.

    Ainsi nous reconnaissons le niveau culturel élevé d’un pays quand nous constatons que tout y est soigneusement cultivé et efficacement organisé pour l’exploitation de la terre par l’homme, et que la protection de celui-ci contre les forces naturelles est assurée ; en un mot que tout y est ordonné en vue de ce qui lui est utile. En pareil pays, les fleuves aux crues menaçantes verraient leur cours régularisé, et les eaux disponibles amenées par des canaux aux points ou elles feraient défaut. Le sol serait cultivé avec soin et l’on y sèmerait des plantes appropriées à sa nature ; les richesses minérales extraites assidûment du sous-sol y seraient employées à la fabrication des instruments ou des outils indispensables. Les moyens de communication y seraient abondants, rapides et sûrs, les bêtes sauvages et dangereuses exterminées, l’élevage prospère. Mais nous réclamons davantage à la civilisation et nous souhaitons voir encore ces mêmes pays satisfaire dignement à d’autres exigences. En effet, nous n’hésitons pas à saluer aussi comme un indice de civilisation - tout comme si nous voulions maintenant désavouer notre première thèse - ce souci que prennent les hommes de choses sans utilité aucune ou même en apparence plutôt inutiles ; quand par exemple nous voyons dans une ville les jardins publics, ces espaces qui, en tant que réservoirs d’air et terrains de jeu, lui sont nécessaires, ornés par surcroît de parterres fleuris, ou encore les fenêtres des maisons parées de vases de fleurs. Cet " inutile " dont nous demandons à la civilisation de reconnaître tout le prix n’est autre chose, on s’en rend compte immédiatement, que la beauté. Nous exigeons de l’homme civilisé qu’il honore la beauté partout ou il la rencontre dans la nature, et que des mains mettent toute leur habileté à en parer les choses. Il s’en faut que nous ayons épuisé la liste des requêtes que nous présentons à la civilisation. Nous désirons voir encore les signes de la propreté et de l’ordre. (...) Nous nous indignons et parlons de " barbarie ", c’est-à-dire l’opposé de civilisation, lorsque nous voyons les chemins du " Wienerwald " jonchés de papiers épars. Toute malpropreté nous semble inconciliable avec l’état civilisé. Nous étendons en outre au corps humain nos exigences de propreté, et nous étonnons d’apprendre que le Roi-Soleil en personne dégageait une mauvaise odeur ; enfin nous hochons la tête quand, à Isola Bella, on nous montre la minuscule cuvette dont Napoléon se servait pour sa toilette du matin. Nous n’éprouvons même aucune surprise à entendre dire que l’usage du savon est la mesure directe du degré culturel. Il en est de même de l’ordre qui, tout autant que la propreté, se rattache à l’intervention humaine. Cependant, alors que nous ne pouvons nous attendre à voir régner la propreté au sein de la nature, celle-ci en revanche, si nous voulons bien l’écouter, nous enseigne l’ordre ; l’observation de la grande régularité des phénomènes astronomiques a fourni à l’homme, non seulement un exemple, mais encore les premiers points de repère nécessaires à l’introduction de l’ordre dans sa vie. (...)

    La beauté, la propreté et l’ordre occupent évidemment un rang tout spécial parmi les exigences de la civilisation. Personne ne prétendra que leur importance soit comparable à celle, autrement vitale pour nous, de la domination des forces de la nature, ou à celle d’autres facteurs qu’il nous faudra apprendre à connaître, et cependant personne ne les reléguerait volontiers au rang d’accessoires. L’exemple de la beauté, dont nous ne pourrions accepter l’exclusion d’entre les préoccupations de la civilisation, suffit déjà à montrer combien celle-ci n’est point uniquement attentive à l’utile. L’utilité de l’ordre saute aux yeux. Quant à la propreté, il faut considérer que l’hygiène elle aussi l’exige, et il est permis de supposer que cette relation n’était pas complètement étrangère aux hommes, avant même l’application de la science à la prévention des maladies. Le principe de l’utilité n’explique pourtant pas entièrement cette tendance ; il doit entrer en jeu autre chose encore.»


    Ainsi le Grand Sigmund reconnaît-il deux principes pour la Beauté:
    1.- « Primitivement la « beauté » et le «charme sont des attributs de l'objet sexuel. »
    2.- « Nous exigeons de l’homme civilisé qu’il honore la beauté partout ou il la rencontre dans la nature, et que des mains mettent toute leur habileté à en parer les choses. »

    Ainsi les deux initiateurs, l'un de la philosophie, l'autre de la psychanalyse, ont-ils fait remonter le sentiment de Beauté à la source de l'Amour: "l'objet sexuel idéal". Dans un article précédent, j'ai dit que le sentiment de Beauté naît également de l'adéquation du "sujet ressentant" avec son "environnement"; comme si l'environnement se mettait tout à coup en résonnance avec un lointain héritage génétique résultant d'une adaptation laborieuse à la belle et inconfortable planète Terre.

    Freud dit: « On le voit, c'est simplement le principe du plaisir qui détermine le but de la vie, qui gouverne dès l'origine les opérations de l'appareil psychique ; aucun doute ne peut subsister quant à son utilité, et pourtant l'univers entier - le macrocosme aussi bien que le microcosme - cherche querelle à son programme. Celui-ci est absolument irréalisable ; tout l'ordre de l'univers s'y oppose ; on serait tenté de dire qu'il n'est point entré dans le plan de la «Création» que l'homme soit "heureux".» Puis plus loin: «L'on peut encore inclure un cas intéressant ; à savoir la recherche prédominante du bonheur dans les jouissances qu'inspire la beauté, en quelque lieu que celle-ci frappe nos sens ou notre esprit ; beauté des formes et des gestes humains, des objets naturels et des paysages, des créations artistiques et même scientifiques. (...)»

    Il y a là un pressentiment que l'équilibre avec la nature, l'homéostasie de l'être dans son milieu naturel, participe au sentiment de "la beauté".

    Dans "Le Banquet", le médecin de service, Eryximaque, évoque le sentiment de beauté inspiré par la nature: «(...) je crois avoir découvert par mon art, la médecine, que l'amour ne réside pas seulement dans l'âme des hommes où il a pour objet la beauté, mais qu'il a bien d'autres objets, qu'il se rencontre dans bien d'autres choses, dans les corps de tous les animaux, dans les productions de la terre, en un mot, dans tous les êtres... »

    David Hume ((26 avril 1711 / 25 août 1776) philosophe, économiste et historien écossais) dit : « La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente ». ... Par ailleurs, souligner le rôle de l'individu dans le jugement de goût ne revient pas à définir la beauté. Hume doit donc également donner une définition de la beauté. Pour lui l'idée de beauté est une projection du plaisir que produit un objet. Il écrit : « le plaisir et la douleur ne sont pas seulement les compagnons nécessaires de la beauté et de la laideur, ils en sont l’essence même ». ...


    (Plus loin, autre sujet:) « La théorie de l'évolution ne permet pas directement d'expliquer le sentiment de beauté en tant que telle, mais elle permet d'éclairer la notion d'attractivité (...). Les études toutefois portent surtout pour l'attraction envers un être humain, dont le bénéfice apparaît plus clairement du point de vue de l'évolution. » (D'après Wikipédia: pour y aller, cliquez sur le lien: Wikipédia: la Beauté)

    Aujourd'hui, les penseurs de la Beauté évoquent l'Evolution.

    C'est par un peu trop d'anthropocentrisme qu'on a focalisé sur le sentiment du beau naissant du spectacle de "l'objet sexuel idéal". Il est vrai qu'il n'y a pas de sentiment de beauté sans un sujet ressentant. Et le sujet qui nous intéresse, c'est l'Homme. Il est tout aussi vrai que c'est tout l'environnement qui inspire à l'homme le sentiment de beauté lorsque le sujet se sent en homéostasie dans son biotope.

     Les Jacinthes au Bois Alix le 27 avril 2009

    Les Jacinthes au Bois Alix, ils n'ont donc pas vu ça ? Ils s'en foutent ?

    Ordures omniprésentes au Bois Alix à Lassy

    « Pas vrai ! Z'ont pas pigé Freud ? »

    Panneau de la cote 138 entre Champlâtreux et Lassy

    « Euh ! Pédé ! S'en fout d'tes tites fleurs ! Nous, on est des vrais mecs ! »

              Christian Jodon 260409
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    Atelier d'Artistes

    En attendant d'éventuels amateurs d'écriture "populaire", j'inaugure cette rubrique avec un poème de Lucie Delaunay. Laquelle était la mère d'un pilote de légende, Henri Delaunay, qui a laissé son nom de héros de l'aviation, depuis l'Aéropostale de Mermoz jusqu'aux raids de la RAF sur la Vallée Heureuse, dans l'épopée de l'aviation française, et à une école d'Orry-la-Ville. Ce poème colle bien au site: c'est une chanson à la Thève, rivière sœur de l'Ysieux, qui traverse le Valois de Nerval et les "bords marneux des étangs de la Thève", selon sa propre expression.

    L'humble rivière de Montgrésin.


    C'était le 25 juin 1950. Sur la forêt de Chantilly, la journée était superbe. J'avais seize ans. J'étais en vacances. J'étais au bord de la Thève, dans la prairie de Lucie, ma grand-mère maternelle et j'étais triste. J'avais seize ans, j'étais si jeune et j'étais bouleversé.
    A cette époque déjà, les nouvelles allaient vite, si vite! Et ce jour-là, mes idoles d'Amérique, mes libérateurs avaient pris aux antipodes une gigantesque pâtée! L'abominable Kim-Il-Sung, le général communiste nord-coréen, venait de franchir le 38ème parallèle pour envahir la Corée du Sud(1).
    Quelques années plus tôt, en septembre 1944, j'avais été un petit réfugié de dix ans, terrorisé par le bruit des combats qui se rapprochaient d'heure en heure de la "Villa Pierrette", ce rendez-vous de chasse où nous avions trouvé abri -grâce à la famille B.- après que notre maison de Montgrésin eut été détruite par l'atroce bombardement de la "Table Ronde", le 8 août 1944, lequel avait tellement ravagé la forêt qu'aujourd'hui encore, à la date où j'écris ces lignes, la forêt n'a toujours pas retrouvé la splendeur qu'on lui connaissait dans notre enfance.

    Souvenir d'un plus beau jour...

    Par un beau jour ensoleillé de septembre, il était arrivé sur la route goudronnée qui longeait la maison forestière, un curieux véhicule automobile, découvert, marqué d'une étoile blanche, et d'où débordaient d'un monceau de fleurs, de longues jambes et des canons de pistolets mitrailleurs. C'étaient donc eux! C'étaient les GI.s, nos libérateurs! Et nous courions vers eux mais ils nous faisaient impérativement signe de nous éloigner; c'est qu'au milieu de leurs guirlandes, ils étaient en pleine action de guerre; et une heure plus tard, ils repassaient en sens inverse, escortant une grosse section de nazis qui cantonnaient à Loisy dans l'abbaye de Saint-Sulpice la Ramée.
    Après, ç'avait été deux semaines de rêve. Tout un corps d'armée, américain et canadien, avait envahi la forêt. Ils attendaient la reconstruction d'un pont pour passer l'Oise. C'était une incroyable fête en compagnie de ces adorables cow-boys mâcheurs de chewing-gum et fumeurs de Lucky-Strike qui donnaient l'impression de faire la guerre comme par jeu, par amusement. Et lorsqu'ils levèrent le camp, accoururent de tous les taudis environnants, porteurs de sac de jute sur leur épaule, tout une nuée de cloportes affamés, de croque-misère frustrés par quatre années de pillages de l'occupant qui venaient crocheter les buissons pour ramasser les miettes. Et c'était prodigieux car on trouvait de tout. Monsieur B. secouait des centaines de jerrycans d'essence mal vidés pour faire repartir sa traction. Il y avait là des armes, des vêtements, des cigarettes et de la nourriture. C'était comme si l'Oncle Sam avait déversé sur la forêt d'Ermenonville une corne d'abondance.

    Comment ne pas adorer nos libérateurs après cela? Nous avions goûté leurs haricots rouges (Pouah! sucrés!), leurs chewing-gum et leur tabac de Virginie; nous avions revêtu leurs uniformes couverts des si gracieux macarons de tous leurs corps d'armée. Nous étions casqués, armés et "Dieu que la guerre était jolie" lorsqu'elle était gagnée par de si adorables alliés!

    Alors, quand le 25 juin 1950, lorsque la radio nous avait appris que les communistes chassaient nos GI.s adorés de la Corée du Sud à grands coups de baïonnettes, cela m'avait chaviré.
    Et ma pauvre grand-mère qui, avec son bon sens d'aïeule, et encore qu'elle fût plutôt anticommuniste pour avoir lu trop pieusement l'affreux "Gringoire", elle qui se foutait de la Corée du Sud et de son envahissement par les bolcheviks comme de sa première culotte, ma pauvre mémé Lucie qui avait déjà 69 ans(3) , se demandait pourquoi j'étais renfrogné. C'est que j'étais furieux de voir le monde des adultes si facilement résigné à laisser casser la gueule, écrabouiller et mettre en déroute dans une pagaille digne de juin 40 l'armée bien-aimée dont j'avais porté l'uniforme si fièrement... Et voilà que pour me consoler, la bonne Lucie avait confectionné une de ces tartes aux abricots qui auraient fait saliver un soldat deux fois mort pour toutes les Corées de la planète. Et elle s'approchait de la Thève où j'étais à méditer, sombre comme un Chateaubriand ridicule occupé à récriminer sur la fuite des immigrés et la mort de Louis XVI.

    Elle était là, toute pimpante à s'être donné tant de mal pour moi et tellement convaincue qu'elle allait me rendre heureux et ressusciter ma joie, toute fraîche au milieu de sa prairie remplie de lysimaque nummulaire et des épis violets des salicaires. Et moi, toujours rogue et gonflé d'ire, je la recevais mal et je voyais sa joie qui fondait; et je lisais sur son visage la tristesse de ne m’avoir pas fait plaisir et sa stupéfaction de ne pouvoir pas comprendre mon absurde colère d'adolescent. Et déjà, comme elle était peinée, elle s'en allait. Je la voyais s'éloigner, encore un peu plus voûtée, un peu vieillie, un peu cassée par ma faute. Je m'en voulais de ma méchanceté et j'avais envie de lui courir après pour l'embrasser, la cajoler, la fêter comme elle le méritait pour son geste de tendresse, mais mon courroux absurde et qui me semblait si légitime me retenait. C'était déjà trop tard; elle partait malheureuse, elle qui était la créature la plus douce et la seule qui me fût alors attentive, elle s'en allait meurtrie parce qu'elle avait été à cet instant la seule personne adulte à qui je puisse faire payer la déroute de Mac Arthur.

    Je voudrais tant pouvoir retourner dans la prairie du vingt-cinq juin mil-neuf-cent-cinquante pour courir derrière ma bonne vieille, la prendre dans mes bras et la couvrir de caresses! Mais trop tard... Elle est là, sous une dalle très froide au bout de la première rangée du cimetière d'Orry-la-Ville, depuis longtemps; et le 26 décembre 1999, jour de tempête et de Dies irae, elle a failli recevoir sur le ventre sa croix branlante que j'ai haubanée ensuite avec deux forts tirants.

    Je déteste Mac Arthur, désormais; je sais qu'en Corée du Nord, il a tué un million de soldats chinois parce que, mégalomane, il rêvait de conquérir Pékin et d'écraser la Chine communiste; je sais qu'il porte la responsabilité de la mort inutile de huit mille civils nord-coréens tués à Nogun-ri, le 26 juillet 1950, un mois après la tarte aux abricots.

    Cette tarte aux abricots manquée par sa faute, c'est impardonnable...

    CJ. 25 juin 2000

    Note de lecture: Mac Arthur, notre héros bienaimé du Pacifique, fut un jour reponsable de la mort d'un million de soldats communistes chinois et de huit mille civils nord-coréens en 1950. (Voir "Le Monde", 14 juin 2000, page 16).


    L'Humble Rivière de Montgrésin
    par Lucie Delaunay
    
    L'humble rivière de Montgrésin
    Est toujours calme et très sage
    Elle coule et son joli refrain
    Fait la joie de notre village

    Tout au bord et sur les roseaux
    Les rossignols et les fauvettes
    Composent ensemble des chansonnettes
    Qu’accompagne le bruit des eaux

    Ainsi notre jolie rivière
    Coule sans cesse là-bas bien loin
    Mais elle nous sera toujours chère
    L'humble rivière de Montgrésin

    A mon petit Christian chéri; ta Grand mère.
    Lucie Delaunay

    Nb: La Thève, la rivière de Montgrésin prend sa source à Mortefontaine et traverse un paysage féérique (Non! non! je ne parle pas du parc Astérix, je ne me permettrais pas!) . La vallée de la Thève vient du Village de Gérard de Nerval, Mortefontaine. Elle serpente entre les forêts d'Ermenonville, Thiers, Pontarmé, Chantilly, Coye-la-Forêt pour rejoindre sa petite soeur, la rivière d'Ysieux juste avant de se jeter dans leur aînée, près d'Asnières-sur-Oise. Elles ont donc, en commun, un syndicat intercommunal qui veille à garder leurs eaux claires autant que faire se peut, malgré l'urbanisation indécente qui s'est improvisée tout au cours...
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    Adjaniennes
    (Michel Leuille)
    	
    Adjanienne (Michel Leuille)
    ( En souvenir d'une "Mortelle Randonnée" )

    Suite à ma proposition de publier dans mon site, dans la rubrique "L'Atelier", des poèmes répondant aux critères définis plus haut dans l'Art poétique, j'ai reçu de Michel Leuille un joli poème en l'honneur d'une comédienne talentueuse admirée de tous. Il semble qu'il corresponde bien aux définitions: « Sublimation d'amours impossibles.(...) La poésie apaise la douleur des frustrations (...), dissolvant une énergie perverse dans un cri qui monte vers le cosmos comme un (...) chant du merle. » Michel a consenti à quelques modifications de métrique améliorant le rythme des vers et attesté légalement de l'authenticité de son poème. Par ailleurs, il projette de le compléter. Il indique que c'est une évocation inspirée par le film "Mortelle Randonnée" de Claude Miller dont il a également gardé un souvenir impérissable de la partition musicale, pour partie originale de Carla Bley (Mercury, PG 224 stereo 812097-1), pour partie de Franz Schubert ("Der Hirt auf dem Felsen", Le pâtre sur le rocher"; Schubertiade, Harmonia Mundi HM 696).

    3 août 2009: Et maintenant, avec la suite promise...

    Premier casting d'Isabelle Adjani jeune fille

    
    Adjanienne, Adjanesque, Adjanique

           (Michel Leuille)
     ( En souvenir d'une "Mortelle Randonnée" )


          Adjanienne

    Coupables amateurs de roses algériennes
    Du pétale troussé souvent il se souviennent
    Les pères effarés d'avoir osé pourtant
    Dévorés de luxure aimer ses chairs d'enfant
    Et guetter dans le coin des lèvres musiciennes
    Le pli délicieux des joues adjaniennes

    Voyeurs jamais sevrés de pulpes aryennes
    Honteux à la faveur de l'ombre où ils se tiennent
    Ils ont vampirisé son corps adolescent

    Puis tout revigorés par ces messes païennes
    Ils ont rêvé cent fois afin qu'il s'en souviennent
    Toujours au pli subtil qu'elle offre en souriant
    Et le pétale ourlé au-dessus de ses dents
    Chassant de leur esprit l'angoisse quotidienne...

                Adjanienne

          Adjanesque

    L'iris azurescent où la rigueur tudesque
    Ne tempère jamais la volupté mauresque
    A livré le regard humide et caressant
    Trou noir dans l'infini cosmos évanescent
    Vecteur immatériel de psyché adjanesque

    Suffisant clair-obscur d'images rembrannesques
    Il leur laisse espérer un voyage dantesque
    Aux pères amoureux dont le Moi frémissant

    D'incestueux désir d'enfant courtisanesque
    S'éblouit en secret d'orgasmes gigantesques
    Clair au sein du ciel bleu le regard transcendant
    A déjà sublimé le rêve outrecuidant
    Consolant le pécheur d'un pardon romanesque...

                Adjanesque

          Adjanique

    Sous les grands cheveux noirs la pâle germanique
    De sa lèvre égrenant des phrases sulfuriques
    Dit des choses terribles avec sa voix d'enfant
    La bouche adolescente a des cris déchirants
    De fillette agitée de fureurs adjaniques

    Quand elle a balayé ses pudeurs coraniques
    Et qu'en l'iris d'azur la foudre satanique
    Luit ils ont le souffle court et le coeur débordant

    Tous ces pères frustrés dont l'ego se panique
    D'aimer d'un désir flou leur fille volcanique
    L'ombre leur fait oser des rêves obsédants
    De fille épouse tendre espérée cependant
    Charnelle et parcourue de courants galvaniques...

              Adjanique

                Michel Leuille; 2009
    Poèmes Populaires sur le site www.sos-valdysieux de Christian Jodon
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    Petit extrait: "Ondine" de Jean Giraudoux; avec François Chaumette et Geneviève Casile

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    Le Blog d'Isabelle
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    Mon URSS à Moi (Ilia Kourski)
    	
    Mon URSS à Moi (Ilia Kourski)
    
    J'ai reçu la sollicitation d'Ilia Kourski de publier un hommage à l'URSS. On comprendra, à sa lecture, que j'aie pu hésiter à le publier (notamment dû à un hommage transparent à Joseph Staline, évocation qu'avec la permission d'Ilia j'ai supprimée). Cependant, Ilia m'a fait remarquer que ce poème lui venant du fond du cœur répondait à la définition que je donnais moi-même de la "poésie populaire": « La poésie peut sublimer la plus douloureuse des contraintes, des aspirations puissantes, pour qu'en un "sublime" exutoire la violence se résolve, plutôt qu'en paroxysmes physiques et psychiatriques ou en troubles sociaux. (etc...) » De fait, ces vers me paraissent bien couvrir la définition que je donne plus haut de la « Sublimation d'idéaux inaccessibles... apaisant la douleur des frustrations intenses, dissolvant une énergie perverse dans un cri qui monte vers le cosmos comme un chant du merle. Elle canalise la révolte contre l'absurdité du monde. (etc...) »
    Par ailleurs Ilia garantit l'authenticité de son poème. Il a l'intention de donner une suite (sous réserve de mon acceptation) ...
    
    Mon URSS à Moi (Ilia Kourski)

    "Sachez-le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue"   Louis Aragon


    Que t'est-il advenu, grande ourse terrifiante
    Pays continental des lendemains qui chantent
    Meurtrie par le nazisme, aux vingt millions de morts
    Tombés aux champs d'horreur en un immense essor
    En brisant de l'Histoire un fol déséquilibre
    Pour qu'aujourd'hui nous tous soyons des hommes libres ?


         Ourse puissante et fière
         Peuple idéal et droit
         Mon URSS à moi
         Ta mort me désespère
         Je suis en deuil de toi.


    Qu'en est-il advenu de tes Journées d'Octobre
    Espoir des prolétaires dont tu lavais l'opprobre
    Et dont les coeurs battaient au son des Katiouchas
    Qui brisaient en hurlant leurs chaînes de parias
    Terrorisant d'un coup l'ogre capitaliste
    Et forçant au recul l'immense armée fasciste ?


         Ourse puissante et fière
         Peuple idéal et droit
         Mon URSS à moi
         Ta mort me désespère
         Je suis en deuil de toi.


    Où es-tu peuple pieux qui révérait Lénine
    Sur le tombeau duquel ses orphelins s'inclinent
    Par milliers, par millions, libérés des boyards
    Des koulaks et du knout et du mépris des tsars
    Et qui dans un tonnerre et de chars et de bottes
    Poursuivait un combat digne de Don Quichotte ?


         Ourse puissante et fière
         Peuple idéal et droit
         Mon URSS à moi
         Ta mort me désespère
         Je suis en deuil de toi.

    (A suivre...)

    Ilia Kourski; 2008
    Poèmes Populaires


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    Rimbaud premier surréaliste
    	
    Arthur Rimbaud, premier “surréaliste”.

    Nota Bene: Les liens déjà cliqués deviennent bleu violet; ils sont toujours actifs et réutilisables.

    Né en 1854, mort à trente-sept ans, ayant écrit entre quatorze et vingt ans toute son oeuvre, Arthur Rimbaud accomplit un parcours poétique intéressant. Il est d’abord un pur classique écrivant ses poèmes en latin. Son “Jugurtha” lui vaut un premier prix académique (cliquer pour lire le texte traduit) et trois de ses oeuvres son publiées au Moniteur de l’Enseignement secondaire. Composés simultanément, ses premiers vers français sont publiés l’année suivant sa quinzième année.

    “Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
    Fermentent les rousseurs amères de l'amour !”


    Le balancement parfait de certains vers du “Bateau Ivre” montre qu’il est alors influencé par les perfectionnistes du Parnasse.

    La collection “Les Cent Livres” de Rive-Gauche Production (1980) analyse ainsi cette période (p.35)
    Début de citation:
    “ Jeune poète, Arthur Rimbaud veut réussir. Lui, dont quelques vers latins ont eu les honneurs du Bulletin officiel de l'Académie de Douai, il entend que ses premiers poèmes prennent le chemin des meilleures revues, en l'occurrence des revues parnassiennes. Aussi s'efforce-t-il très tôt d'écrire des vers qui satisfassent aux critères parnassiens - virtuosité formelle, culte de la rime -, des vers qui se fondent dans le moule d'une perfection poétique établie. Les premières compositions de Rimbaud sont presque des pastiches. Ces planches d'essai inexpertes sont soumises au jugement professoral de Georges Izambard qui raconte que le poète « souvent [lui] remettait des vers tous frais pondus, mais toujours recopiés et calligraphiés avec amour que, sur sa demande, nous épluchions ensemble ».
    Quelques phares illuminent l'horizon poétique de Rimbaud Victor Hugo dont le haut verbe fourrageur résonne dans « Les Etrennes des Orphelins » et surtout dans « Le Forgeron »; Musset aimé puis haï; quelques poètes de moindre importance également (Coppée, Mérat (NB CJ: vie et œuvres accessibles: cliquez ici), Glatigny...) dont un mot, un vers, une strophe ont pu éblouir le jeune poète. Mais s'il est un phare - et qu'il faut révérer -, c'est bien Théodore de Banville qui trône à Paris en grand maître du Parnasse et de ses revues. Rimbaud espère secrètement voir figurer ses poèmes dans leurs glorieux feuillets, promesse d'avenir...
    Faire imprimer " Les Etrennes des Orphelins " dans La Revue pour tous en janvier 1870, n'était qu'un premier pas. Rimbaud songe à mieux encore. Le 24 mai, il décide d'écrire à Banville une lettre flatteuse, sinueuse et insistante (« Cher Maître (...) que si je vous envoie quelques-uns de ces vers, — et cela en passant par Alphonse Lemerre, le bon éditeur, — c'est que j'aime tous les poètes, tous les bons Parnassiens, — puisque le poète est un Parnassien, — épris de la beauté idéale... »). Rimbaud a joint à sa lettre trois poèmes travaillés, fignolés, nourris comme il se doit d'idéal parnassien. Banville restera muet, et closes les portes du Parnasse. Les espoirs de Rimbaud ne s'effondreront pas pour autant. Le jeune poète a en lui la flamme et la fougue créatrices.
    Rimbaud écrit avec enthousiasme ses premiers poèmes qui, sous leur vernis pasticheur, préfigurent déjà la flore de la révolte adolescente. Il y fait le «roman» de sa vie présente, de ses «dix-sept ans» tapageurs, d'une « première soirée» - première audace... Mais l'audace vraie de Rimbaud réside plutôt dans sa volonté mystificatrice, - dans cet instant qui le pousse non seulement à plagier ses modèles, mais encore à les déformer et à les enlaidir. La plume satirique de Rimbaud se fait déjà féroce. Que l'on songe à Vénus Anadyomène: “ Belle hideusement d'un ulcère à l'anus. ”
    Images de Vénus Anadyomène ("Née de l'écume des eaux") repérées par Google
    Le poète sait recouvrir la sacro-sainte beauté des masques de la dérision, voire du sacrilège. La tonalité générale des premiers vers révèle une opposition forcenée à quelques fléaux majeurs la sottise bourgeoise, (...), l'incapacité du pouvoir impérial et le rire incongru du Dieu moqueur. Des poèmes comme “A la Musique”, “Les Reparties de Nina”, “Rages de Césars” et “Le Mal” témoignent de ce sinistre éventail.
    Rimbaud acquiert progressivement, vers après vers, une étonnante virtuosité.”

    Fin de citation.

    En cinq ans d’adolescence, Arthur Rimbaud parcourt une révolution étonnante de maturité qui lui permet d’entrevoir l’élaboration d’un “langage idéal”, sorte de Graal poétique qu’un poète, écrivain engagé par essence, se devrait d’atteindre, non-seulement en écriture mais dans sa vie. Ainsi, le « Bateau Ivre » contient-il déjà le procédé de l’écriture automatique qui sera systématisé au siècle suivant par les Surréalistes; et il atteint l’état psychologique favorable à cette “transe poétique” par une sorte d’hypnose (fort aidée par le hachisch et l’absinthe) comme plus tard, Robert Desnos en fera l’expérience avec ses amis.

    “Je pense à toi Desnos qui partit de Compiègne
    Pour accomplir au loin ta propre prophétie
    Comme un soir en rêvant tu nous en fit récit
    Là-bas où le destin de notre siècle saigne...”
    Louis Aragon


    Le texte d'Aragon tel que chanté par Jean Ferrat
    Robert Desnos; et quelques poèmes
    Google: trouver Jean Ferrat qui chante Aragon
    Un p'tit moment d'Joie: Jean la Voix qui chante: "Aimer..." d'Aragon

    Extrait du même ouvrage, page 160; début de citation: (2)

    "Lorsque la belle-famille de Verlaine le chasse de l'appartement où il est devenu indésirable, Rimbaud n'est pas mécontent; il préfère le cadre neutre des Chambres sordides. Tout en se laissant couler dans le fleuve houleux de la vie parisienne, Rimbaud aime avoir la possibilité de se retirer dans un havre solitaire; c'est là qu'il entend recueillir les fruits de son « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». La tentative de voyance, envisagée à CharleviIle, trouve à Paris un terrain propice à son accomplissement. Rimbaud s'entraîne à « l'hallucination simple », à « l'hallucination des mots », connaît l'enivrante compagnie de l'absinthe et du hachisch, découvre le vertige de son érotique attachement à Verlaine. La réalité le débusque, qui le contraint à bouleverser la pierre des mots et à leur assigner la route d'un inconnu qu'Yves Bonnefoy définit comme « le déni du langage dans ses emplois rationnels ». Rimbaud s'enfonce dans un état d'hypnose dont il dira la genèse et les effets dans un chapitre d' Une saison en enfer, intitulé « Alchimie du Verbe ».
    Il écrit « des silences », fixe « ses vertiges », se flatte « d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens » Les poèmes que Rimbaud compose au retour à Paris - soit dans les Ardennes, soit dès son retour à Paris - sont des sortes de chansons, des hymnes ténébreux et limpides, impossibles à endiguer dans un univers formel éclaté. Rimbaud veut désormais nommer une réalité fugitive, presque météorique. Il s'émancipe des lois de la pensée rationnelle ainsi que des règles de la versification classique. Il accueille les assonances, affectionne les “rhythmes naïfs” et incertains.
    A-t-il alors accompli « des prodiges de ténuité, de flou vrai, de charmant presque inappréciable à force d'étre grêle et fluet » pour reprendre les termes de Verlaine ? En rester là serait restreindre le sens et la portée des derniers vers rimbaldiens. Les «chansons» ne témoignent pas d'un affaiblissement de la force créatrice du poète; elles n'ont rien de commun avec certaine fadeur qui fut le lot de quelques Romantiques. Dans la « Lettre du Voyant », Rimbaud a d'ailleurs attaqué ces Romantiques qui « prouvent si bien que la chanson est si peu souvent l'œuvre, c'est-à-dire la pensée chantée et comprise du chanteur ».
    Rimbaud ne se complaît pas sur de mous et dolents duvets musicaux. « La pensée chantée et comprise du chanteur », c'est ce à quoi il aspire. Car la poésie, pour lui, est dans la conscience qu'elle a d'elle-même.
    Rimbaud aime à faire surgir du «grêle» et du «fluet», un ton purifié qui est comme sa réponse à une blessure affective où l'homosexualité destructrice rejoint les fantasmes de la tyrannie maternelle. Le poète, qui commence à endurer les souffrances de son orageuse amitié avec Verlaine, blâme les “désordres vains” qui rongent sa vie... «...le ménage s'absente peu sérieusement, et rien ne se fait. »
    Il préférerait y substituer le temps innocent de l'amour vrai, ce qu'exprime le refrain ailé et serein de la « Chanson de la plus haute tour »:

    « Ah ! Que le temps vienne
    Où les cœurs s'éprennent ! »

    Les derniers vers de Rimbaud ont le ton sincère du renoncement à l'insolence juvénile. Leur pudique démarche dit en filigrane le trouble et la « honte  » de « l'enfant gêneur » qui aspire à l'amour.
    Empreinte d'une inapaisable soif d'inconnu, d'une volonté de « tarir toutes les urnes », la poésie de Rimbaud rêve alors d'un âge «d'or» extasié qui, loin du monde «vicieux», conduirait à ces mythiques «châteaux» où se fait « la magique étude du Bonheur ». Poésie en état de grâce.
    Mais cette poésie recèle peut-être quelques secrets; c'est ce que Jean Richer a tenté d'établir dans un récent travail sur « L'alchimie du Verbe de Rimbaud ». Attentif à certaines formules de la « Lettre du Voyant » (« Toujours pleins du Nombre et de l'Harmonie, ces poèmes seront faits pour rester ») et proche des intuitions d'André Breton (« Alchimie du verbe ces mots qu'on va répétant un peu au hasard aujourd'hui demandent à être pris au pied de la lettre »), Richer pense que Rimbaud s'est forgé dès 1871 une conception magique du langage. Influencé par divers traités d'occultisme, le poète se livrerait - selon Jean Richer - à de savants jeux formels basés sur les associations d'idées et d'images, sur la valeur numérique des lettres, sur la symbolique des Arcanes du Tarot, etc... Dans sa quête d'un langage absolu, il s'efforcerait en quelque sorte « de lire la même chose de quatre façons différentes par le choix des phonèmes, par les images, par l'ordonnance logique, par les nombres ». Ainsi des codes différents introduiraient des significations parallèles au sens premier des poèmes.
    Le travail de Richer, sans être toujours convaincant, dévoile néanmoins certaines constantes d'un système créateur que Rimbaud a pu effectivement élaborer. C'est peut-être ce système que le poète réprouve dans « Une saison en enfer » lorsqu'il écrit « La vieillerie poétique avait une bonne place dans mon alchimie du verbe »; à moins que Rimbaud ne vise là une sous-jacente influence verlainienne que la critique se plaît souvent à invoquer. Mais, vus dans l'optique de Richer, les « Derniers Vers » s'apparenteraient plutôt à une démarche mallarméenne.
    Quoi qu'il en soit, Rimbaud répudiera bientôt son entreprise de «voyant». Il décidera d'exorciser, sinon le souvenir de Verlaine, du moins ses rêves idéalistes de langage absolu.
    La plupart des « derniers vers » d'Arthur Rimbaud ont vraisemblablement été écrits en 1872, surtout pendant les mois de mai et juin, mais également en juillet et août. Quand ils sont datés, les poèmes le sont de cette époque. Rimbaud entreprenait alors sa tentative de Voyance."

    Fin de citation.

    Ainsi, passé d’un occultisme cher à Nerval aux hypnoses surréaliste, Arthur Rimbaud semble avoir rêvé de trouver la Poésie, ou “le Poème”, cette forme de langage qui “restitue au mot sa force incantatoire et première” (selon une formule de Roger, professeur à l’Ecole Normale d'Instituteurs d’Auteuil en 1953.

    ALCHIMIE DU VERBE
    (Extraits)

    A moi. L'histoire d'une de mes folies.
    Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne. J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rhythmes naïfs.
    Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents je croyais à tous les enchantements.
    J'inventai la couleur des voyelles ! -A noir, E. blanc, I rouge, O bleu, U vert.- Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rhythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
    Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexplicable. Je fixai des vertiges.
    (...)
    La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe. Je m'habituai à l'hallucination simple je voyais très franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mystères un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi. Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots ! Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J’étais oisif, en proie à une lourde fièvre j'enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l'innocence des limbes, les taupes, le sommeil de la virginité !
    Mon caractère s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'espèces de romances
    (...)
    Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible (...).
    Je devins un opéra fabuleux je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur l'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu'il fait, il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens. Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d'une de leurs autres vies. - Ainsi, j'ai aimé un porc.
    Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme,- n'a été oublié par moi je pourrais les redire tous, je tiens le système.
    Ma santé fut menacée. La terreur venait. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, je continuais les rêves les plus tristes. J'étais mûr pour le trépas, et par une route de dangers ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie (1), patrie de l'ombre et des tourbillons.
    Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j'aimais comme si elle eut dû me laver d'une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J'avais été damné par l'arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.
    Le Bonheur ! sa dent, douce à la mort, m'avertissait au chant du coq, - ad matutinum, au Christus venit - dans les plus sombres villes. O saisons, ô châteaux! (...)
    Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté.
    Arthur Rimbaud (extraits).

    Exemple: citation d'Arthur Rimbaud:

    BOTTOM de Rimbaud (avec une analyse; cliquer)
    « La réalité étant trop épineuse pour mon grand caractère, - je me trouvai néanmoins chez Madame, en gros oiseau gris bleu s'essorant vers les moulures du plafond et traînant l'aile dans les ombres de la soirée.
    Je fus, au pied du baldaquin supportant ses bijoux adorés et ses chefs-d'œuvre physiques, un gros ours aux gencives violettes et au poil chenu de chagrin, les yeux aux cristaux et aux argents des consolés.
    Tout se fit ombre et aquarium ardent. Au matin, - aube de juin batailleuse, - je courus aux champs, âne, claironnant et brandissant mon grief jusqu'à ce que les Sabines de la banlieue vinrent se jeter à mon poitrail.
    Arthur Rimbaud. »

    Notes:

    -1.- La Cimmérie: en gros, la patrie des Cimmériens, autrement nommés Cimbres, peuple d'origine indo-européenne installé dans le pourtour de la mer d'Azov qui déferla aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. sur le Moyen-Orient et l'Asie Mineure. Pour plus de renseignements, cliquer sur le lien suivant:
    Les Cimmériens, dans Wikipedia
    -2.- La collection “Les Cent Livres” de Rive-Gauche Production (1980)
    En septembre 2009, je ne trouve ni site ni adresse pour "Rive-Gauche Production": par contre, leurs ouvrages sont bien présents chez les libraires et bouquinistes.
    -3.- La Vénus anadyomène, c’est la "Vénus sortie des eaux" (ou surgie des eaux) dont le plus célèbre exemple est La Naissance de Vénus de Botticelli.
    Vénus anadyomène: définition de Wikipedia
    Vénus anadyomène en images par Google

    Construction de l'article: Christian Jodon


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     Orme ©CJ

    Dans les années soixante-dix, les haies d'Ormes du Val d'Ysieux sont mortes de la graphiose. Ici, un bel exemplaire qui résiste dans une lisière. Mais il est guetté... Par la "déviation..."				
    
    				
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    Pierre Noire:
    13 mars 2010 !

     ----- ©CJ

    Commémoration: 13 mars 2010, Jour maudit marqué d'une Pierre Noire: tandis qu'on enterrait une amie chère,  la douce Édith F., mourait le plus grand des chanteurs de toujours: Jean "La Voix", Jean Ferrat…
    Et le 13 mars 2010, les Lettres ont pleuré… Vous remarquez ?
    Et désormais, "Que serons-nous sans toi… Jean la Voix"
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    Aragon
    Que serais-je sans toi ?

    Texte complet: cliquez cette ligne

    Extrait:
    Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
    Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant.
    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
    Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

    J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.
    (...) Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

    Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
    N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
    Une corde brisée aux doigts du guitariste
    Et pourtant je vous dis que le bonheur existe.
    Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
    Terre, terre, voici ses rades inconnues.

    Louis Aragon, Le roman inachevé

    - Ecouter Jean Ferrat qui chante "Que serais-je sans toi ?"

    - Une des plus jolies: "On ne voit pas le temps passer "Par une autre belle voix: Jean Medelgi.

    - Et celle-ci: une merveille: "Mon pays était beau…"
    Les paroles de "Mon pays était beau…" (extrait):
    Mon pays était beau
    D'une beauté sauvage
    Et l'homme le cheval et le bois et l'outil
    Vivaient en harmonie
    Jusqu'à ce grand saccage
    Personne ne peut plus simplement vivre ici (...)
    Pour les paroles complètes: cliquez ci-dessous…
    - Paroles: "Mon pays était beau…"

    - "Ma France" (You Tube) (Régler sur 360)
    - "Ma France"(descendre dans la page…)
    - "Ma France" (Daily Motion)
    - Paroles de "Ma France" de Jean Ferrat

    Extrait des paroles de "Ma France":
    De plaines en forêts de vallons en collines
    Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
    De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
    Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
    Ma France
    (...)
    Cet air de liberté au-delà des frontières
    Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
    Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
    Elle répond toujours du nom de Robespierre
    Ma France
    (...)

    "Cuba Si", jolie vidéo chantée par Jean l'Espoir

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    Merci d'être venu...

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     Hêtre ©CJ

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    La Poésie est un rayon de soleil dans le froid éternel

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     Thèvee ©CJ

    La Thève à Montgrésin, peinte par Lucie Delaunay. Des renseignements sur la Thève: en page d'accueil.			
    

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     Chevaux ©CJ

    L'industrie du cheval d'agrément (course ou promenade) est florissante dans le Val d'Ysieux; Mr YB y a eu, à Thimécourt son manège avant d'avoir la belle réussite qu'on lui connaît. Des "Grands de ce monde" y ont eu plusieurs haras. Désormais, outre des manèges nombreux pour les enfants et adultes, on trouve beaucoup de chevaux de randonnée au pré. Les amateurs sont favorisés par l'entretien de nombreux itinéraires équestres auxquels des adhérents des Amis de la Terre ont participé, tant en initiateurs qu'en baliseurs et randonneurs.			
    

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    Les Enfants qui s'Aiment
    Jacques Prevert et Joseph Kosma

    Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuit
    Et les passants qui passent les désignent du doigt
    Mais les enfant qui s'aiment ne sont là pour personne
    Et c'est seulement leur ombre qui tremble dans la nuit,
    Excitant la rage des passants
    Leur rage, leur mépris, leur rire et leur envie
    Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
    Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
    Bien plus haut que le jour
    Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour .
    Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
    Bien plus haut que le jour
    Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
    Trois petites notes de musique
    Paroles d'Henri Colpi et musique de Georges Delerue

    Trois Petites Notes De musique
    Ont plié boutique
    Au creux du souv'nir
    C'en est fini d'leur tapage
    Ell's tournent la page
    Et vont s' en dormir
    Mais un jour sans crier gare
    Ell's vous revienn'nt en mémoire
    Toi,tu voulais oublier
    Un p'tit air galvaudé
    Dans les rues de l'été
    La la la la la Toi
    Tu n'oublieras jamais
    Une rue un été
    Une fille qui fredonait

    La la la la je vous aime
    Chantait la rengaine

    La la mon amour,
    Des paroles sans rien d'sublime
    Pourvu que la rime
    Amène toujours.
    Une romance de vacances
    Qui lancinante vous relance.
    Vrai, elle était si jolie
    Si fraîche épanouie
    Et tu n'l'as pas cueillie,
    Vrai, pour son premier frisson
    Elle t'offrait une chanson
    A prendre à l'unisson.

    La la la la la tout rêve
    Rim' avec s'achève
    Le tien n'rime à rien,
    Fini avant qu'il commence
    Le temps d'une danse
    L'espace d'un refrain.

    La romance de Paris
    Paroles: Charles Trenet Musique: Léo Chauliac (1942)

    Ils s'aimaient depuis deux jours à peine Y a parfois du bonheur dans la peine
    Mais depuis qu'ils étaient amoureux
    Leur destin n'était plus malheureux,
    Ils vivaient avec un rêve étrange
    Et ce rêve était bleu comme les anges Leur amour était un vrai printemps, oui
    Aussi pur que leurs tendres vingt ans

    {Refrain:}
    C'est la romance de Paris
    Au coin des rues, elle fleurit
    Ça met au coeur des amoureux
    Un peu de rêve et de ciel bleu
    Ce doux refrain de nos faubourgs
    Parle si gentiment d'amour
    Que tout le monde en est épris
    C'est la romance de Paris

    La banlieue était leur vrai domaine
    Ils partaient à la fin de la semaine
    Dans les bois pour cueillir le muguet
    Ou sur un bateau pour naviguer
    Ils buvaient aussi dans les guinguettes
    Du vin blanc qui fait tourner la tête
    Et quand ils se donnaient un baiser, oui
    Tous les couples en dansant se disaient

    {au Refrain}

    C'est ici que s'arrête mon histoire
    Aurez-vous de la peine à me croire?
    Si j'vous dis qu'il s'aimèrent chaque jour
    Qu'ils vieillirent avec leur tendre amour
    Qu'ils fondèrent une famille admirable
    Et qu'ils eurent des enfants adorables
    Qu'ils moururent gentiment, inconnus, oui
    En partant comme ils étaient venus
    L'anamour
    Serge Gainsbourg 1969

    Aucun Boeing sur mon transit
    Aucun bateau sur mon transat
    Je cherche en vain la porte exacte
    Je cherche en vain le mot exit
    Je chante pour les transistors
    Le récit de l'étrange histoire
    De mes anamours transitoires
    De Belle au Bois Dormant qui dort
    Je t'aime et je crains
    De m'égarer
    Et je sème des grains
    De pavot sur les pavés
    De l'anamour
    Tu sais ces photos de l'Asie
    Que j'ai prises à deux cents Asa
    Maintenant que tu n'es pas là
    Leurs couleurs vives ont pâli
    J'ai cru entendre les hélices
    D'un quadrimoteur mais hélas
    C'est un ventilateur qui passe
    Au ciel du poste de police
    Je t'aime et je crains
    De m'égarer
    Et je sème des grains
    De pavot sur les pavés
    De l'anamour
    Je t'aime et je crains
    De m'égarer
    Et je sème des grains
    De pavot sur les pavés
    De l'anamour
    Mes jeunes années
    Par Charles Trenet

    Mes jeunes années
    Courent dans la montagne
    Courent dans les sentiers
    Pleins d'oiseaux et de fleurs
    Et les Pyrénées
    Chantent au vent d'Espagne
    Chantent la mélodie
    Qui berça mon cœur
    Chantent les souvenirs
    De ma tendre enfance
    Chantent tous les beaux jours
    A jamais enfuis
    Et comme les bergers
    Des montagnes de France
    Chantent la nostalgie
    De mon beau pays

    Loin d'elle loin des ruisseaux
    Loin des sources vagabondes
    Loin des fraîches chansons des eaux
    Loin des cascades qui grondent
    Je songe et c'est là ma chanson
    Au temps béni des premières saisons

    Mes jeunes années

    Courent dans la montagne
    Courent dans les sentiers
    Pleins d'oiseaux et de fleurs
    Et les Pyrénées
    Chantent au vent d'Espagne
    Chantent la mélodie
    Qui berça mon cœur
    Chantent les souvenirs
    De ma tendre enfance
    Chantent tous les beaux jours
    A jamais enfuis
    Et comme les bergers
    Des montagnes de France
    Chantent le ciel léger
    De mon beau pays
    Romance
    Paroles: Henri Bassis. Musique: Joseph Kosma 1952 © Philips
    Autres interprètes: Barbara (1954)

    {Refrain:}
    Ces mots chargés de romance
    Comme un matin qui sourit
    C'est un amour qui commence
    Dans le printemps de Paris

    Paris, qui n'est à personne,
    Est à toi si tu le veux
    Mon ami, je te le donne
    Ce cadeau, c'est pour nous deux

    {au Refrain}

    Veux-tu les rues de ma ville
    Trainant autour des cafés
    Où les jours passent tranquilles
    Et les filles décoiffées ?

    {au Refrain}

    Les amoureux se promènent
    Ils se regardent, ravis
    Mon ami, c'est toi que j'aime
    Le bonheur, c'est pour la vie

    {au Refrain}
    On ne voit pas le temps passer
    Par Jean Ferrat; Barclay (déc 65)

    On se marie tôt à vingt ans
    Et l'on n'attend pas des années
    Pour faire trois ou quatre enfants
    Qui vous occupent vos journées
    Entre les courses la vaisselle
    Entre ménage et déjeuner
    Le monde peut battre de l'aile
    On n'a pas le temps d'y penser

    Faut-il pleurer, faut-il en rire
    Fait-elle envie ou bien pitié
    Je n'ai pas le cœur à le dire
    On ne voit pas le temps passer

    Une odeur de café qui fume
    Et voilà tout son univers
    Les enfants jouent, le mari fume
    Les jours s'écoulent à l'envers
    A peine voit-on ses enfants naître
    Qu'il faut déjà les embrasser
    Et l'on n'étend plus aux fenêtres
    Qu'une jeunesse à repasser

    Refrain

    Elle n'a vu dans les dimanches
    Qu'un costume frais repassé
    Quelques fleurs ou bien quelques branches
    Décorant la salle à manger
    Quand toute une vie se résume
    En millions de pas dérisoires
    Prise comme marteau et enclume
    Entre une table et une armoire

    Refrain

    —————·•·—————


    La Midinette aux Yeux Bleus
    À ma Mère qui la chantait si bien
    Elle, la Midinette aux Yeux Bleus
    La brodeuse Lunévilleuse
    Qui la reprenait en chœur à l'atelier Rébé
    Elle l'ouvrière pauvre
    Qui était fière d'avoir participé à la broderie de la robe de sacre de Farah Diba Pahlavi…
    En souvenir de toi, Maman
    Lucienne Giselle Delaunay Jodon

    Voir la robe de sacre de Farah Diba

    Musée de Rabastens
    La donation René Bégué (1887-1987), dit Rébé, présente les créations du très célèbre brodeur parisien pour la Haute couture entre 1907 à 1967, notamment les maquettes de la robe de mariage de l'impératrice d'Iran Farah Diba Pahlavi (Dior 1959), ainsi qu'une collection de camées et d'intailles de son père, graveur sur pierres fines.
    Musée de Rabastens - Donation Rébé
    Sous-Bois2.gif

    "Le vrai génie sans cœur est un non-sens."
    "Amour! Amour! Amour! Voilà l'âme du génie".
    Wolfgang Amadeus Mozart, le 11 avril 1787.
    ———·•·———
    SOS-Sylvies - SOS-Val d'Ysieux
    Pas d'amour? Pas d'humour? On ne se fâche pas: on change de site; merci de votre visite.

    Le Val d'Ysieux, c'est quoi?

    Une petite région sans nom jusqu'à ce que quelques personnes créent les Amis de la Terre du "Val d'Ysieux". Ainsi a été reconnue l'individualité de cette micro-région, si fragilisée à l'heure actuelle, et qui, pourtant, est un "écotone" utile et encore plus "vulnérable". Les Ecologues nomment "écotone" une zone de transition entre deux écosystèmes; ici, la Forêt de Chantilly et la Plaine de France. Les écotones sont riches des deux biocénoses en contact. Mais s'ils sont ainsi attirants pour les bâtisseurs, leur atteinte est fatale aux écosystèmes qui s'interpénètrent. C'est ainsi que notre région a vite atteint, à huit kilomètres au bout des pistes de R-CDG, un degré de saturation démographique dangereusement dépassable. Il incombe donc aux habitants des lieux d'assumer courageusement la défense des micro-espaces naturels qui subsistent face à la folie rageuse des chieurs de béton. Soyez de ceux-là. Pas pour moi qui suis vieux et qui n'en profiterai pas. Pour vos successeurs: vos enfants que nous aimons et qui ont besoin d'autre chose pour "vivre" que de l'enfermement dans la banlieue atroce, laide et criminogène, où l'on veut toujours davantage les parquer. Pour eux, sauvons, sauvez le Val d'Ysieux

    Nb. - Ce site n'est pas le site officiel des "Amis de la Terre du Val d'Ysieux" que pourtant j'ai créés. Les opinions exprimées n'engagent donc que l'association "SOS Val d'Ysieux -
    http://www.sos-valdysieux.fr "SOS Val d'Ysieux" - "SOS Sylvies" Rue de l'Eglise, 95270 Plessis Luzarches


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